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Afrodescendants d'Amérique Latine et des Caraibes
9 octobre 2010

En Amérique Centrale, les noirs sont reconnus, mais ignorés

Par José Adán Silva

Traduit de l’Espagnol par Guy Everard Mbarga http://guyzoducamer.afrikblog.com

afroMANAGUA, 7 octobre (IPS) - Malgré la reconnaissance progressive de leurs droits, les populations afrodesceandantes du Mexique et d’Amérique Centrale sont les plus pauvres et les plus ignorées en Amérique latine, selon divers chercheurs spécialistes de cette problématique.

"Les peuples afrodescendants d’Amérique centrale et du Mexique sont parmi les plus vulnérables, les plus exclus et les plus pauvres du continent", indique à IPS Alta Hooker, rectrice de l'Université des Régions Autonomes de la Côte Caraïbe du Nicaragua (URACCAN).

"Depuis la première conférence sur le racisme qui s'est tenue à Durban (en Afrique du Sud) en 2001, nos populations ont progressé en matière de reconnaissance de leurs droits, mais non pas dans la réalisation de leurs besoins socio-économiques", déclare l'universitaire.

Le Panama, le Mexique, le Nicaragua, le Honduras, le Costa Rica, le Guatemala, El Salvador et Belize ont assumé des accords internationaux pour protéger et rendre égales les conditions de vie des afrodescendants par rapport à celles du reste de la population mais en pratique, ces droits "sont ignorés", soutient-elle.

Même si des progrès juridiques et institutionnels ont été notés dans la reconnaissance de l’identité ethnique, culturelle et sociale de ces populations au cours des 20 dernières années, comparativement à d'autres régions de l'Amérique latine, les conditions économiques et de pauvreté sont pires dans cette région selon elle.

Hooker est l'un des auteurs de l'étude "Les droits de la population afrodescendante en Amérique latine: défis pour son implémentation ", présentée mercredi lors d'un atelier sur ce sujet à Managua.

L'activité était organisée par le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), à travers son projet régional "Population Afrodescendante en Amérique latine."

"Il existe un cadre juridique, avec des pays qui le respectant plus et d’autres moins. Il ya tout cet ensemble de droits, ce qui manque, c’est une volonté de mise en exécution, de réalisation ", dit Hooker.

"Nous sommes plus de 159 millions de personnes (afrodescendantes) dans cette région, mais à ce jour, neuf ans après Durban, on ne nous dit toujours pas combien nous sommes, où nous sommes et ce que nous faisons. Nous sommes les seuls à connaitre nos réalités, ", constate-t-il.

La vision de Hooker est partagée par Dorotea Wilson, coordinatrice générale du Réseau des Femmes AfroLatinoAméricains, AfroCaribéennes et de Diaspora, une organisation présente dans 24 pays de la région et dont le siège central se trouve au Nicaragua.

Pour Wilson, les inégalités demeurent épouvantables et plus profondes quand il s'agit des femmes noires.

"Après Durban, peu de choses ou rien n'a changé pour la population féminine afrodescendante dans la région. 80% des 150 millions d'Afrodescendants de la région continuent de vivre dans la pauvreté et sans opportunités de dépassement pour des raisons ethniques et raciales", dénonce-t-elle à IPS.

Sur la population noire totale selon les estimations de son organisation, 75 millions seraient des femmes, lesquelles "restent soumises aux déplacements forcés, à l'immigration clandestine, à la criminalisation des jeunes et au génocide déguisé par des accusations de délinquance", accuse-t-elle.

Sidney Francis Martin, président de l'Organisation Noire Centre Américaine (Oneca), basée au Honduras va dans le même sens.

"Depuis 20 ans, on signe des accords, des traités, des pactes internationaux relatifs aux droits humains, mais en retour, notre peuple est de plus en plus pauvre chaque jour " dit-il à IPS.

"On nous reconnait en tant que noirs, on approuve des lois en notre faveur et on respecte notre identité, mais on continue à nous refuser le droit à des emplois dignes, à de meilleurs écoles et aux espaces de pouvoir politique. Nous restons invisibles dans ces aspects", indique-t-il.

Pour Ricardo Changal, assistant spécial des Droits Humains du Bureau du Haut –Commissariat des Droits Humains de l’Organisation des Nations Unies (ONU), les conditions d'inégalité et de pauvreté dont souffrent les populations Noires "en termes généraux, sont presque les mêmes sur tout le continent. "

"Tous les pays ont fait des progrès en quelque sorte, mais l'écart reste important. ", Indique-t-il à Ips.

Selon le fonctionnaire de l'ONU, on a noté des changements positifs dans les outils juridiques qui soutiennent les droits des populations afrodescendantes, mais il reste des défis à surmonter.

"C'est un problème de plus de 400 ans et c’est seulement au cours de 20 ou 30 dernières que l’on a commencé à le régler, mais je suis positif et je pense que ces barrières vont être surmontées dans la mesure où la population revendique ses droits et se fait sentir. Le silence est brisé et cela est en soi un grand pas", observe-t-il.

Selon l'étude présentée à Managua, les inégalités sociales, la pauvreté et l'exclusion sociale font partie des principaux problèmes des populations afrodescendantes d’Amérique centrale et du Mexique.

Selon les chiffres officiels cités dans l'étude, la pauvreté touche 46% de la population d’Amérique Centrale en général, soit quelque 20 millions de personnes, dont un sur cinq vit dans une situation d’extrême pauvreté.

Silvia B. García Savino, coordinatrice du projet régional du PNUD, affirme que l'étude a été réalisée pour mesurer les écarts qui existent entre les pactes et les accords internationaux qui ont pour champ d’action des thématiques liées à la défense et à la promotion des droits de la population afrodescendante .

" Par ce biais, on a également essayé d'analyser leur réalisation réelle et effective dans les pays signataires," indique García à IPS.

L'objectif était " d'identifier les différents degrés de visibilité de la population afrodescendante dans les pays objets de l’étude, la diversité et le déficit d'actions affirmatives, et les différents niveaux d’avancées des législations nationales, pour concentrer la prise de décision sur le dépassement de ces barrières", conclue-t-il. (FIN/2010)

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