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Afrodescendants d'Amérique Latine et des Caraibes
25 avril 2010

Les combats de la femme noire afrobrésilienne

 

 

par MARIA NILZA DA SILVA*silva

 

 

Traduit du Portugais par Guy Everard Mbarga http://guyzoducamer.afrikblog.com/

 

La situation de la femme noire dans le Brésil d’aujourd’hui manifeste un prolongement de sa réalité vécue durant la période de l’esclavage avec peu de changements, puisqu'elle demeure à la dernière place sur l’échelle sociale et c'est sur elle que pèse le plus les inconvénients du système injuste et raciste du pays.

 

Un grand nombre d’enquêtes réalisées au cours des dernières années montrent que la femme noire a un niveau de scolarité peu élevée, qu’elle travaille plus, mais reçoit un revenu inférieur et les rares qui réussissent à rompre ces barrières du préjugé et de la discrimination raciale et à réaliser une ascension sociale ont moins de possibilité de trouver des compagnons sur le marché matrimonial.

 

La femme noire tout au long de l’histoire a été  "la colonne vertébrale " de sa famille, qui très souvent se compose de celle-ci et de ses enfants. Lorsque la femme noire avait un compagnon, spécialement durant la période post-abolition, cela signifiait pour elle une personne qu’il fallait  soutenir. Le Brésil qui a profité du travail esclave pendant plus de quatre siècles a marginalisé son principal agent constructeur, le noir, qui a commencé à vivre dans la misère, sans travail, sans possibilité de survie dans des conditions dignes.

 

Encouragé par le gouvernement brésilien, l’immigration étrangère et la tentative d’extirper le noir de la société brésilienne, il y eut une tentative massive de blanchir le Brésil.

 

Probablement, le plus cruel de tous les dommages fut de retirer à la population noire sa dignité en tant que race en remettant la question de la négritude dans les bas-fonds de la société. Le noir dans certains cas, ne se reconnait même pas. Et l’un des principaux combats du mouvement noir et des spécialistes  engagés pour la défense de la dignité humaine est de contribuer au sauvetage de la citoyenneté du noir.

 

La pauvreté et la marginalité auxquelles sont soumises les femmes noires renforce le préjugé et l’intériorisation de la condition d’infériorité, qui dans de nombreux cas inhibe la réaction et la lutte contre la discrimination subie.

 

L’entrée dans le marché du travail du noir encore enfant et  la soumission aux très bas salaires renforcent le stigmate de l’infériorité dans laquelle de nombreux noirs vivent.

 

Cependant, on ne peut pas ne pas considérer que cet horizon n’est pas absolu et malgré toute la barbarie du racisme, il ya un certain nombre de femmes noires qui ont réussi à vaincre les adversités et à atteindre l’université, en l’utilisant comme un pont vers le succès professionnel.

 

Malgré le contexte adverse, certaines femmes vivent l’expérience de la mobilité sociale  qui s’effectue dans un "rythme lent", car en plus de l’origine esclave, être noire au Brésil   représente un obstacle dans la trajectoire de la recherche de la citoyenneté et de l’ascension sociale.

 

Bernardo (1998), dans son travail sur la mémoire des femmes noires âgées dans la ville de  São Paulo, démontre comment l’ascension sociale des noires est difficile – particulièrement dans la recherche d’un meilleur emploi, puisque la majorité des femmes noires travaillait dans l’informel, ou comme employées domestiques.

 

Les femmes noires qui conquièrent les meilleurs postes sur le marché du travail  dépensent une énergie beaucoup plus importante que d’autres secteurs de la société, quelques-unes payant probablement un prix élevé pour la conquête, en renonçant très souvent aux loisirs, à la réalisation de la maternité, à l’amour ou au mariage. Car, en plus de la nécessité de prouver la compétence professionnelle, elles doivent faire avec le préjugé et la discrimination raciale qui leur exigent de plus grands efforts pour la conquête de l’idéal auquel elles aspirent. La question de genre est en elle-même, un élément qui complique les choses, mais lorsqu’il est associé avec celui de la race, cela signifie de plus grandes difficultés pour les concernées.

 

Paul Singer (1998) affirme que, à mesure que la femme noire monte dans l’échelle sociale, les difficultés augmentent particulièrement à cause de la concurrence – la compétition. Dans les services domestiques qui ne représentent pas le prestige, il n y a pas de compétition et par conséquent, les femmes noires y ont un libre accès. Et c’est dans ce domaine que l’on retrouve le plus grand nombre d’entre elles. La population noire occupe généralement des emplois moins qualifiés et reçoivent les plus bas salaires.

 

La femme noire doit pourtant disposer d’une grande énergie pour surmonter les difficultés qu’elle affronte dans la recherche de sa citoyenneté. Peu de femmes noires  réussissent à connaitre une ascension sociale. On peut cependant constater qu’il ya actuellement une augmentation du nombre de femmes noires dans les universités au cours des dernières années. Peut-être, partant de là, il est possible d’entrevoir une réalité moins oppressante pour les noirs, spécialement pour la femme noire.

 

Cependant, il faut souligner l’expérience des femmes noires dans la lutte pour surmonter le préjugé et la discrimination raciale dans l’entrée sur le marché du travail. Certaines femmes attribuent "l’exploit " de la conquête de l’emploi et de la réussite professionnelle à un esprit de lutte et de courage, fruit d’un immense effort personnel, et d’autres encore plus, au soutien des entités du mouvement noir.

 

Actuellement, on ne peut pas traiter la question raciale comme élément secondaire,  en ne faisant ressortir que la problématique économique. La position sociale du noir ne se base pas uniquement sur la possibilité d’acquisition ou de consommation de biens.

 

La société brésilienne éprouve encore une grande difficulté à assumer la question raciale comme un problème auquel il faut faire face. Tant que ce processus consistant à y faire face ne se produira pas, les inégalités sociales basées sur la discrimination raciale  persisteront et auront même tendance à s’intensifier, encore plus en ce qui concerne l’égalité des opportunités dans tous les aspects de la société.

La discrimination raciale dans la vie des femmes noires est constante; malgré cela, beaucoup d’entre elles ont établi leurs propres stratégies pour venir à bout des difficultés  découlant de cette problématique.

 

Bibliographie

 

BERNARDO, Terezinha. Memória em branco e negro: um olhar sobre São Paulo.São Paulo: Educ, 1998.

 

SILVA, Maria Nilza da. Mulheres negras: o preço de uma trajetória de sucesso. PUC/SP, Dissertação Mestrado, 1999.

 

SINGER, Paul. Globalização e desemprego: diagnósticos e alternativas. São Paulo: Contexto, 1998.* Professeure au Départament des Sciences Sociales de l’Université d’État de Londrina et titulaire d’un Doctorat de PUC/SP. Publicado na REA, nº 22, março de 2003, disponível em http://www.espacoacademico.com.br/022/22csilva.htm4186244

 

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