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Afrodescendants d'Amérique Latine et des Caraibes
15 janvier 2010

Et la solidarité de l'Afrique pour Haïti?

La douleur est immense depuis deux jours après le tremblement de terre qui a ébranlé la Perle des Antilles. Des images de catastrophe, de désolation, de tristesse, semblables à celles que l’on a vu il ya quelques années après le passage de l’Ouragan Katrina abreuvent les écrans des télévisions du monde entier.

haiti

Dans les deux cas, des populations noires qui subissent un désastre humanitaire,  elles qui partagent déjà la même histoire d’esclavage et de luttes acharnées pour leurs libérations. Même si cela date de plusieurs siècles déjà, les populations d’Haïti, comme celles de la Nouvelle Orléans ayant subi ces deux événements tragiques proviennent d’un même continent, l’Afrique. Lorsque les médias diffusent les images de la misère en Afrique, l’impact négatif sur toutes les populations noires d’ailleurs est réel. Cette fois-ci, Haiti, pays de noirs, et théâtre d’une  catastrophe est face au miroir, et dans la glace ce que l’on voit c’est encore cette misère noire, africaine, comme ce fut le cas avec les Africains Américains victimes de Katrina.

Alors que dans le cas d’ Haïti, les gouvernements occidentaux ainsi que la Chine et le Japon, et des pays du Caricom notamment se mobilisent pour venir en aide à coup de millions de dollars et d’une centaine précisément pour les américains, comme ce fut le cas des victimes de l’Ouragan Katrina, l’Afrique est le seul continent absent, comme toujours. Évidemment, il parait bien logique qu’un continent qui tend sans cesse la main ne puisse se permettre de venir en aide à Haïti ou à un autre pays en grand besoin.

Pourtant, avec un peu de volonté, les pays africains peuvent participer à l’effort mondial, pour prendre part à l’histoire qui s’écrit aujourd’hui, alors que la pitié des grands pays se manifeste dans ce déploiement international pour Haïti.

Il ne s’agit pas évidement pour les pays africains, en dehors peut-être de l’Afrique du Sud d’envoyer des équipes techniques, des secouristes ou du personnel médical pour les situations d’urgence.

L’Afrique peut aider de plusieurs manières, à moyen terme et surtout à long terme et à différents paliers.

Au niveau des gouvernements le soutien à apporter à Haïti pourrait prendre deux formes. Tout d’abord, ils pourraient décider de donner conjointement environ  50 millions de dollars américains sur les quelques 50 états qui constituent le continent, chacun d’eux donnant une quote-part différente selon ses capacités. Cela pourrait se faire par le biais direct des gouvernements ou/et à travers des organisations internationales africaines comme l’OUA ou la Banque Africaine de Développement. Il y a fort à parier que les populations africaines leur en seraient fortement gré, malgré leurs propres difficultés. Le gouvernement pourrait également solliciter les nombreuses multinationales et grandes sociétés qui réalisent des profits énormes sur le Continent Africain.

Le second rôle pouvant être joué par les gouvernements prendrait la forme d’une politique d’immigration audacieuse et volontariste consistant à accorder gratuitement des terres à des familles d’Haïtiens volontaires, par exemple à 1 millier de personnes par pays. L’idée circule déjà par exemple au Canada au sein des  gouvernements fédéraux et provinciaux d’accorder des visas temporaires pour regrouper des familles d’ Haïtiens.

Si les états africains ne disposent pas de moyens pour permettre à ces gens de reprendre une vie normale et de mener des activités, un financement pour ces familles pourrait par exemple venir des organismes internationaux travaillant dans le domaine des migrations et même des états Occidentaux. Cela garantirait au moins à ceux là de vivre dans un environnement un peu mieux organisé, en attendant, quand ce sera possible, de retourner contribuer à la construction de leur pays.

La population africaine en général ne dispose pas de moyens pour venir en aide directement. Cependant, ils peuvent le faire comme certains membres des corps policiers l’ont déjà fait en travaillant justement à Haïti avec l’Onu. En dehors des policiers, un système de volontariat pourrait être organisé par l’État et avec l’aide des organisations internationales pour des besoins ciblés, pour de courtes périodes et pour de multiples domaines et métiers.

Enfin, c’est de la diaspora africaine vivant dans les pays occidentaux notamment qui pourrait et devrait apporter une aide à plus court terme, mais également à moyen et à long terme. On sait que le nombre d’Africains vivant notamment en France, en Belgique, en Espagne, aux États-Unis ou encore au Canada est très important.

Les associations communautaires africaines qui savent si bien organiser des soirées culturelles et autres soirées dansantes pourraient coordonner la collecte de dons en argent ou en vivres non périssables qui seraient reversés aux organisations humanitaires reconnues dans ces différents pays. Ces dernières se chargeraient alors d’envoyer ces dons à Haïti. L’avantage de ce système, de passer par les associations africaines est que l’aide venant spécifiquement des africains sera comptée comme telle, et reconnue. Une aide individuelle, financière ou non bien sûr est également convenable, même si dans ce cas, les Haïtiens entre autres ne pourront jamais avoir la preuve que des communautés d’africains les ont aidés lorsqu’ils en avaient besoin.

D’autre part, il existe des centaines de sites internet consacrés aux africains de la diaspora et qui devraient et pourraient relayer les messages des autorités de leurs pays de résidence respectifs pour orienter les africains voulant faire un don.

La diaspora africaine dispose également de docteurs, d’ingénieurs, d’informaticiens et autres pouvant aider bénévolement à la reconstruction d’ Haïti, toujours soit en s’organisant entre eux ou en intégrant des associations de leurs corps de métiers qui œuvrent dans ce sens. 

Sur le long terme, il est vrai que les membres de la diaspora africaine ont souvent des familles en Afrique dont ils doivent s’occuper, et qu'ils privilégient souvent les projets de leurs communautés. Mais, pourquoi ne verrait-on pas un jour des africains de la diaspora s’organiser, toujours par le biais et au nom de  leurs organisations communautaires, pour parrainer des enfants orphelins à Haïti ou encore d’en adopter à titre individuel?

Nous autres africains, afrodescendants, et autres panafricanistes savons bien dire que nous sommes solidaires. Un mot dont nous ne connaissons apparemment pas le sens, mais que nous avons l’occasion d’apprendre, dans l’action et non dans la compassion verbale et stérile.

Nous autres africains, afrodescendants et autres panafricanistes réclamons sans cesse la reconnaissance de notre rôle dans l’Histoire, dans les Histoires de la construction de ce monde. L’Histoire de demain se joue aujourd’hui. La question que chacun de nous doit se poser en tant que noir, africain, afrodescendant : que faire pour ce pays frère qu’est Haïti, la première nation noire indépendante? Que puis-je faire par moi-même pour jouer un rôle dans l’Histoire et l’avenir de ce pays qui se joue aujourd’hui?

Guy Everard Mbarga http://guyzoducamer.afrikblog.com/

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