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Afrodescendants d'Amérique Latine et des Caraibes
24 octobre 2009

Mexique : Le Musée National d’Anthropologie met les Afromexicains à l’honneur

Comme depuis 45 ans, le Musée lance une série d’activités liées à la Journée des Morts.

C’est dans ce cadre que 30 habitants afrométisses de Cuajinicuilapa présenteront, exposeront et vivront l’expérience de l’arrivée de leurs morts dans le musée.

mex

Afromexicains - Photo Renzo Devia - Creadors Pictures

VILLE DE MÉXCO.- Ce jeudi (hier), un atelier et un ciné-débat - auxquels devaient participer des spécialistes des communautés afrométisses du Mexique - ont lancé comme depuis 45 ans une série d’activités liées à la Journée des Morts au Musée National d’Anthropologie (MNA). 

Ces activités sont cette fois dédiées à la Costa Chica de Guerrero, où –du fait de leurs origines noires- cette tradition diffère de celles des autres groupes indigènes du pays.

Les spécialistes de l’Institut National d’Anthropologie et d’Histoire (INAH-Conaculta) et des universités Nationale Autonome de México et Autonome Métropolitaine entre autres, devaient évoquer les aspects liés aux coutumes et aux traditions des peuples afrodescendants de Guerrero et d’Oaxaca. L’événement se déroulait à l’Auditorium Fray Bernardino de Sahagún. 

Parmi les chercheurs présents se trouvait la docteure María Elisa Velázquez, coordonnatrice du séminaire Populations d'origine africaine au Mexique (Poblaciones de origen africano en México) de l'INAH. 

Elle a récemment indiqué que le Projet International "La Route de l’Esclave" envisage à court terme la création d’une Chaire Unesco sur la thématique, comme  espace de réflexion sur la diaspora africaine et les diverses formes d’esclavage qui subsistent dans le monde.

Celle qui occupe également le poste de Vice Présidente du Comité Scientifique de cette initiative de l'Unesco a indiqué que la chaire sera lancée dans de brefs délais par l'INAH, et comprendra d'autres organismes académiques et des groupes civils afin de créer des liens avec des pays d'Amérique Centrale ainsi que les États-Unis et l'Espagne. 

Un des autres projets ambitieux "est la création de sites de mémoire, c'est-à-dire, des routes culturelles basés sur la présence passée et actuelle d'africains et d'afrodescendants, pour rendre visible leur contribution dans l'histoire du Mexique ". 

La journée académique devait comprendre un ciné-débat à l'auditorium Tláloc du musée où des projections des documentaires suivants étaient prévus : Danse et musique des diables de Guerrero et Oaxaca, de la docteure Haydée Quiroz Malza; et Le jeu des diables de Claudia Lora et Natalia Gabayet.   

Comme c'est le cas depuis 45 ans, le Musée National d'Anthropologie ouvre ses portes aux défunts venus de différentes régions du pays, et cette année se tiendront dans ses installations l'offrande aux morts de la population des afrométisses (afromestizos) de la Costa Chica de Guerrero, que l'on pourra apprécier dès le 28 octobre prochain. 

Cette offrande consiste en un autel domestique dans une maison traditionnelle connue sous le nom de casa "redondo"(Maison ronde).   

Dans la cosmovision de ces peuples afrodescendants, les diables sont en charge de la collecte des âmes dans le panthéon et de leur acheminement dans leurs anciens foyers.   

Le docteur Alejandro González Villarruel, sous-directeur d'Ethnographie du MNA, explique que le diable qui est un personnage particulier au Jour des Morts distingue les afrométisses de Guerrero, car ce dernier joue le rôle d'intermédiaire entre le monde des morts et celui des vivants.

Les coutumes caractérisant les afrométisses de Cuajinicuilapa de Santa María sont leurs rituels et leurs pratiques funéraires : le fait de montrer la tristesse et le désespoir que provoque la mort d'un être cher à la musique, la danse, la boisson, les "versadas", le veillées funèbres, el "levantamiento de sombra"(soulèvement de l’ombre) et le "cabo de año"(bout, fin de l’année).

Comme c’est le cas sur presque tout le territoire national, les festivités associées au cycle de vie sont liées à la mort, la population afrométisse de la Costa Chica à Guerrero rend un culte aux morts du 30 octobre et au 2 novembre.   

Leurs festivités, de même que leurs pratiques culturelles sont distinctes de celle du reste de la population indigène et métisse. Leur particularité provient du rôle occupé par ce segment de la population durant la Conquête et la Colonie en Nouvelle Espagne.

Cette population fut sujette à l'esclavage à la différence des indigènes, la bulle papale considérant qu'ils ne possédaient pas d'âmes et qu'ils ne pouvaient par conséquent pas être sujets à l'évangélisation.

Cette différence leur a permis de pouvoir continuer de reproduire leurs pratiques culturelles sans limitations, comme la présence de démons ou de diables dans divers rituels et festivités.   

Lors des célébrations de Tous les Saints et de la Journée des Morts aura lieu la Danse des Diables, la danse de artesa (estrade et instrument de musique) et les offrandes domestiques. C’est ainsi que le 28 octobre, 30 habitants afrométisses de Cuajinicuilapa présenteront, exposeront et vivront pour la joie du public, l'expérience de l'arrivée de ses morts dans le musée.   

Il y aura de la musique et une ouverture de la danse sur une estrade de trois mètres de long, un des joyaux des collections ethnographiques du Musée National d’Anthropologie.

Source : Informador.com.mx

Traduit de l'Espagnol Par Guy Everard Mbarga

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Commentaires
L
Bonjour,<br /> <br /> je me réjouis de cette initiative qui j'espère ne confinera au folklore, vu la forte idéologisation de ce fameux musée...finalement cannibale. L'état du Guerrero s'est un peu plus singularisé du reste du Mexique en inscrivant dans sa constitution régionale ce que j'appelle la "présence-histoire" des Noir-e-s au Mexique. Sa traduction dans les faits de citoyonneté est une tout autre histoire. Comme naguère au Puerto Rico, comble de paradoxe qui n'en est point si on ne tombe pas platement dans l'équation Caraïbes/Antilles égale Noir-e-s, j'espère que le Mexique découvre réellement son arrière, son fantôme toujours différé mais toujours irruant.<br /> Victorien Lavou Zoungbo<br /> Professeur<br /> Coordinateur du Groupe de Recherche et d'Etudes sur les Noir-e-s d'Amérique Latine (GRENAL), Université de Perpignan (France)
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