Sheila S. Walker : “Obama est le président de toute la diaspora africaine”
Sheila S. Walker parcourt le monde pour développer du matériel éducatif sur les descendants des africains éparpillés sur le monde. Elle a laissé la tranquillité de la chaire d’université pour raconter l’histoire complète de la continuité de la culture africaine.
Sheila S. Walker exhale la vitalité et la joie. Sa force et son engagement ethnique l’ont conduit à parcourir le monde, caméra à l’épaule, en faisant des recherches sur la diaspora africaine sur les cinq continents.
Une fois, elle avait lu qu’il y avait des Afroindiens. Elle décida de voyager dans les états de Gujarat, Andhra Pradesh et de Karnataka, où se concentrent le plus grand nombre d’hindous, descendants d’Africains.
À Gujarat, elle fut surprise par la présence d’un saint abyssinien, Babagor, et d’un instrument musical, la balunga, le même que l’on joue au Brésil, mais que les sud américains appellent birimbao.
“C’est un phénomène qui m’intéresse, la continuité de la culture de l’Afrique pour d’autres phénomènes du monde et les ressemblances. Une dynamique qui devait se reproduire pour la rencontre entre africains. À présent, j’aimerais savoir si cet instrument appartient à la zone bantouphone de l’Afrique Centrale et d’Afrique du Sud”, explique l’anthropologue.
Avec l’entêtement propres aux universitaires de métier, Sheila souhaite rendre visible toutes ces communautés, montrer qu’elles existent, que beaucoup d’entre elles ont quitté leur terre sans le vouloir, et d’autres pas tellement. Car, selon ses explications, il y eut ceux qui partirent volontairement avec le commerce arabe, par la Mer Rouge et avec le commerce chrétien par l’Océan Indien.
Son intérêt pour le thème de ses ancêtres nait également en voyant comment dans son pays, les gens sont surpris en apprenant qu’il y a des noirs à d’autres endroits du monde.
Quand des gens comme Sheila sont arrivés à l’Université, avec deux ou trois afroaméricains, ils ont decide de s’organiser et de demander plus: “Nous sommes ici, mais pas dans les livres, ni dans les cours. Nous voulons des cours qui parlent de nous, nous voulons des professeurs afrodescendants, nous voulons plus d’étudiants, nous voulons un département, une maison de la culture à nous. Nous avons alors demandé, encore et encore. Puis nous avons exigé. Nous avons fait des exigences non négociables et nous avons obtenu ce que nous voulions”.
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La politique
Jusqu’à l’avènement de Barack Obama dans l’univers politique, la politique n’intéressait pas Sheila, car elle estimait qu’elle n’avait rien à voir avec, qu’aucun politicien ne pouvait faire partie de sa famille.
“Aujourd’hui, j’adore le phénomène Obama. J’aime sa politique, elle me semble être honnête et comme dit son épouse, Michelle, c’est la première fois que j’ai confiance au peuple américain. J’ai visité quatre pays africains en février, et tout le monde voulait des nouvelles d’Obama. Il est le président des africains, de toute la diaspora”.
C’est cette même université qui lui donna la chance d’étudier à la Sorbonne à Paris, France, et la possibilité de passer un été au Cameroun, en Afrique Centrale, alors qu’elle n’avait que 19 ans au milieu des années soixante.
Beaucoup des produits artisanaux et agricoles de l’Ouest du Cameroun sont fabriqués et sont transportés à partir de Foumban, située aux limites d’une région montagneuse, avec des grandes plantations de café, de cacao et de tabac.
Sheila visita un musée d’art, qui fut dans le passé la résidence des rois Bamoun et un palais du 18ème siècle, un des plus beaux et des plus richement décorés d’Afrique.
“Ce n’était pas une société quelconque, elle avait un roi, deux palais, un musée, un peuple très fier de sa culture. Grâce à la famille Njoya, que j’ai rencontré là-bas, je peux être ce que je suis aujourd’hui ”, pense-t-elle.
Los Njoya enregistrent avec fierté sur leur arbre généalogique la présence d’un roi, qui en 1910 créa l’écriture Shumon dans sa langue, car il souhaitait écrire des livres dans sa propre langue.
Identités
La Jeune qui s’était rendue à Paris pour étudier l’Anthropologie Africaine passait de Spécialiste en Sciences Politiques à Proto-anthropologue. C’est à ce moment qu’elle se rendit compte qu’elle pouvait voyager comme elle le souhaitait, sans que personne ne lui dise ce qu’elle pouvait dire ou ne pas dire.
Sheila S. Walker, qui possède une maitrise et un doctorat en Anthropologie de l’Université de Chicago, a mené le développement de matériels éducatifs de diffusion internationale sur les afrodescendants en tant que directrice exécutive d’Afrodiáspora, une organisation sans but lucratif.
Elle est arrivée avec beaucoup d’illusions au Spelman College, une université pour femmes afroaméricaines à Atlanta, mais avec le temps, elle a senti qu’elle prêchait dans un désert, qu’elle perdait son temps.
“C’était ma première fois dans une université afroaméricaine. Une fois, je suis allé aux Émirats Arabes Unis et j’ai montré une photo à mes étudiantes. Je leur ai demandé qui était le frère de Brooklyn et qui était l’arabe. Personne dans la classe ne sut me dire qui était qui. J’ai senti qu’il serait mieux de vraiment enseigner. J’ai donc commencé à filmer la diaspora”.
Elle commença en Équateur, se rendit à Esmeraldas et quelqu’un lui parla de la fête de San Martín de Porres. “Ce fut la première fête pour ce saint que je découvrais. Cela me sembla être une bonne manière de débuter une série de documentaires sur la diaspora. Par la suite, nous sommes allés au nord d’Esmeraldas, où nous avons fait la connaissance de merveilleuses communautés des fleuves. Je suis allé à Quibdó, Chocó en Colombie. J’ai participé à la Fiesta de San Pacho. Nous voulons montrer que nous nous divertissons plus que tout le monde, malgré notre histoire triste, que nous avons le droit de le faire. Nous inspirons de la jalousie ”.
Sheila souhaite également parler de la technologie que les africains ont emmené en Amérique. Elle souligne, par exemple le fait qu’en Colombie, la technologie minière provenait de l’Afrique Occidentale, du peuple Mina. Elle souhaite de plus montrer les contributions écologiques, intellectuelles de l’Afrique dans la création des Amériques.