Ce voyage avait pour but d’amener plus de femmes de Belize à faire partie du Réseau des
Femmes Afro (Network/Red de Mujeres Afro. C’était l’occasion pour les femmes du
Nicaragua, du Costa
Rica, du Panama et de la Diaspora de partager leurs racines Caribéennes communes.
Il s’agissait là de la première rencontre/atelier organisée complètement en Anglais, (je
pourrais aussi ajouter le Créole) en Amérique Centrale.
Le Pelican Beach Resort était l’expression totale de l’AMOUR de la nature. Le paysage
créait de l’harmonie dans toute chose. Les palmiers bougeaient comme dans une danse.
Les arbres et l’eau nous donnaient l’impression que tous nos problèmes et toutes nos
inquiétudes allaient être dissipés par les bénédictions naturelles de cette terre.
Quand la réunion a débuté, je me suis approchée de Dorotea, la Coordinatrice Générale
du Réseau pour lui dire que nous devions peut-être faire une activité brise-glace. Puis je
me suis retenue en me disant, je suis avec des femmes Caribéennes, l’amour, on l’a dans
notre peau.
Aucune gêne ne flotta jamais dans l’air. Une fois que nous avions travaillé ensemble, la
connexion se fit encore plus forte que grâce à n’importe quelle activité brise-glace.
Dorotea indiqua alors que l’énergie qui nous entourait était en train de faire le travail.
Chacune de nous jeta un coup d’œil au mouvement élégant des eaux.
Comme c’est le cas partout où je voyage, je suis allé courir. Cette habitude rend les
autres nerveux, mais je me sens toujours en sécurité, et des fois plus en sécurité que
lorsque je fais un jogging dans les rues de Boston. Tout le monde me saluait d’un
"bonjour madame". Que c’est agréable et réconfortant de savoir que cette affection
et ce respect authentiques restent présents parmi nos gens. Ces gestes me
rappelèrent ma propre éducation. Je n’avais le droit d’appeler personne ne
faisant pas partie de mes amis proches par son prénom. C’était soit tata ou
Madame ou Monsieur.
Après mon jogging, je rejoignais certaines des femmes pour une baignade matinale.
On ne se préoccupait pas de la fantaisie de nos maillots de bain ou de toute chose
qui serait à la mode. Il était juste question du pur plaisir d’être trempée dans l’eau
chaude et rafraîchissante. Quoi de mieux pour nettoyer l’esprit et l’âme?
Je me retrouvais en train de rentrer dans l’eau totalement habillée. Nous nous
sommes assises à partager des histoires sur nos différentes éducations Caribéennes.
Cette activité allait par la suite devenir notre rituel matinal. Nos chambres se
trouvaient à moins de 20 pieds de l’Océan. Je m’endormais donc sans problème
chaque jour aux sons et à la profondeur d’Olokun.
La première journée débuta par un petit-déjeuner t chez Mme Phyllis et M. Roy.
C’était un vrai petit déjeuner Créole Garifuna. Avec, poisson, manioc, pain et le
meilleur jus de mangue que je n’ai jamais goûté! Belize était chaude, de cette
chaleur Caribéenne par laquelle tout prend sa propre forme, y compris mon "Afro".
J’étais surprise de me sentir bien autant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Les mots
Créoles me confortèrent. Je n’avais pas à faire semblant parler à la "ricaine"
comme on dit chez nous car dans ma langue résonnait la fierté. Cela ramena
dans ma mémoire l’époque où on nous disait qu’on devait parler le bon Anglais
quand le gringo était à côté.
Ce fut un moment de fascination et une occasion d’apprentissage. La manière
dont les gens de Dangriga, Belize trouvaient de la fierté dans cette langue, non
seulement parlée, mais écrite.
Les rencontres et les ateliers nourrissaient notre esprit intellectuel. On rassemble
de nouvelles manières créatives de réaliser un travail avec des Femmes Noires.
Comme le programme POWA, dans lequel Michele est très impliquée, et qui
distribue des préservatifs dans la communauté. La manière dont les générations
se transmettent la langue, la danse de la communauté Garifuna et Créole. Cela
nourrit également l’âme spirituelle. On se sent en paix avec soi même, son but
dans la vie et sa direction.
Nous n’avons pas passé de temps à nous demander pour quelle raison nous
sommes liées, sur ce que nous gagnons à faire partie du Réseau. Cela va au
delà de tout bénéfice matériel. Cela se comprend, parce que nous sommes des
femmes Noires et telle est notre lien commun. Comme je l’ai indiqué lors de
ma présentation pour la Diaspora, les femmes Noires sont victimes d’attaques
en ce moment et l’ont toujours été. Lorsque nous nous exprimons clairement,
que nous sommes intelligentes et fortes, nous sommes catégorisées comme
agressives et dures. Pendant ces réunions, nous prenons soin les unes des autres
et nous nous formons les unes les autres à devenir nous-mêmes.
Lors des ateliers, l’accent était mis sur des problèmes tels que le VIH/SIDA,
l’éducation sexuelle, la justice reproductive, l’identité, le développement du
leadership, la politique et la conscience culturelle.
La présentatrice pour Belize était Mme Flores qui est une légende à Dangriga
et à Belize pour son travail dans la communauté et la responsabilisation des
femmes. Elle agit avec tant de sagesse et de connaissance. Lorsqu’elle a
commencé à parler, la salle est devenue silencieuse alors qu’on écoutait
chacun de ses mots. Elle parla de l’importance qu’il y a à faire que les jeunes
s’impliquent, le besoin pour les femmes de travailler ensemble et les hauts et
les bas de l’engagement politique.
Mme Flores évoqua son travail spirituel. " Nous sommes des êtres spirituels,
nous ne pouvons pas nous séparer de l’esprit. Nous devons manifester de
l’altruisme pour le bien être de nos organisations. Nous devons être éclairées
dans la recherche de quelque chose de plus profond,"indiqua-t-elle
Ingrid du Costa Rica nous a informés de la manière dont l’organisation Projecto
Caribe donne l’occasion aux gens de Limon de s’impliquer dans les problèmes
fonciers et de droit. L’un des points historiques qu’elle partagea fut l’époque où
les gens de Limon qui sont en grande majorité Noirs ne pouvaient pas voyager
en dehors de cette région.
Zeda fit la présentation pour le Nicaragua. Elle parla du projet relativement nouveau
qu’elle dirige, le projet OMAN dans la communauté côtière de Bluefiels. Les
thèmes sur lesquels le projet met l’accent sont la pauvreté et la marginalisation.
Les formations et les présentations portent sur l’histoire, l’identité et le genre.
Ils mènent actuellement un projet centré sur les filles qui a une émission radio
hebdomadaire.
Les réunions/ateliers prenaient fin en chansons et en danses d’un groupe
Garifuna Local et avec certaines chansons et contes de la culture Créoles
qu’animait Mme Mryna.
J’ai demandé à Mme Phyllis de nous faire connaître les noms et l’histoire de
ces danses. La première danse c’était le 'Hungu-hungu' – à moitié sacrée,
utilisée lors de rituels et des occasions à moitié formelle, en mémoire des
ancêtres. La deuxième c’était le 'Combination' – qui utilisait le 'hungu-hungu'
et le 'punta' qui est une sorte de danse sensuelle pour faire la cour, à pas rapide
et très énergique.
Ils ont également fait le Chumba – une danse mimée dans laquelle ils dépeignent
chacune des activités quotidiennes des gens d’ici telles que la pêche, l’agriculture
ainsi que leurs souffrances.
La danse principale était Le Juanaragua / John Kunu qui est une danse que l’on
fait principalement durant les fêtes de Noël et qui dépeint les pas et la parade du
'Maître' quand il dirigeait la plantation. C’est une danse que seuls les hommes
exécutent, même si récemment quelques jeunes femmes ont commencé à le faire
également.
Les rubans roses et verts sont utilisés pour le jour de Noël, mais le Jour de l’an,
ils utilisent des rubans noirs. La célébration Créole de la soirée allait être animée
par Mme Mryna qui allait nous raconter des contes Caribéens à travers des chansons.
Elle est membre du Conseil Créole (Kriol Council) qui travaille à préserver la
culture Créole à Belize. Un soir, lors du dîner, Madame Myrna s’est mise à
chanter des chansons Caribéennes. Nous connaissions toutes une des chansons
qu’elle chantait et je l’aimais quand j’étais une petite fille à Rainbow city.
Ça donnait ceci : brown girl in the ring cha la la la la, brown girl in the ring
cha la la lal la, she look like a sugar in a plum.
Nous avons fait un voyage à Hopkins, une communauté Garifuna connue pour
son paysage de pêche et d’agrumes. Nos hôtes étaient le frère et la belle sœur
de Mme Phyllis.
Le repas fut préparé par Terese, une femme prenant part au Projet Belfuna
(Belfuna Project).
Belfuna est un regroupement de femmes à la fois Bélizienne et Garifuna pour
créer des opportunités économiques et responsabiliser les femmes de la
communauté. Elles sont présentes depuis environ quinze années et ont
récemment reçu des financements pour créer des espaces dans lesquelles
elles feront de la cuisine et des activités culturelles.
Nous avons fait un autre arrêt alors que nous nous enfoncions plus dans
Hopkins pour voir des articles vendus par un groupe de femmes Maya.
Elles parlaient Créole et venaient de Big Falls Kriol.
C’était encore là une autre grande situation d’apprentissage, car je m’attendais
à ce qu’elles parlent l’Espagnol, mais elles parlaient la langue Maya et le Créole.
J’ai eu la chance d’engager une plus longue discussion avec Mr. Roy qui est
considéré comme un expert de la culture Garifuna, mais qui a également une
grande connaissance de la culture Créole et des questions raciales et identitaires
chez les Afrodescendants.
Nous avons passée notre dernière soirée à Dangriga à la Célébration Culturelle
du Dimanche.
C’est une façon pour la communauté de célébrer à travers la danse, le spoken work,
le Punta Rock et responsabiliser les jeunes pour qu’ils s’impliquent dans les arts.
Avant d’arriver à Belize, j’avais déjà ressenti la connexion à travers les sons d’Andy Palacio.
J’ai à présent eu l’opportunité de voir cette communauté et je suis tombée amoureuse
de la beauté des Béliziens. Depuis mon retour, il m’arrive d’aller chercher le silence du
tôt matin
J’espère que vous prendrez tous le temps d’en apprendre plus sur Belize et que nous
n’utiliserons pas juste ce mois mais chacune des occasions que nous avons pour
partager et célébrer notre riche histoire.
http://www.mujeresafro.org/