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Afrodescendants d'Amérique Latine et des Caraibes
11 août 2008

La réalisatrice Gloria Rolando et l’image afrocaribéenne

Entrevue courtoisie de NRL/La Havane

Traduit de l’Espagnol par Guy Everard Mbarga

Il y a quelques jours, une artiste afrohispanique me disait que les éléments de base qui composent son œuvre étaient la passion et la volonté. Et je pense que pour la majorité des créateurs de la diaspora (africaine) il est indispensable de disposer de ces éléments, car autrement, il leur serait impossible de créer. Beaucoup de nos artistes le font dans des conditions difficiles et très souvent sans aucun soutien économique. Malgré la longue histoire humaine, peu de choses ont changé en ce qui concerne le soutien économique pour notre culture.

Malgré cela, quelques personnes travaillent pour notre dignité, par exemple la cinéaste Gloria Rolando à la Havane (Cuba), une afrocubaine ayant esprit de combat immense. Notre équipe a discuté avec elle et voici ce qu’elle a à dire.

-          Sur les conditions dans lesquelles Gloria Rolando produit ces films

Pour parler de nos conditions de production, il faudrait remonter aux années 90, lorsque la production cinématographique à Cuba avait connu un déclin et beaucoup d’entre nous voulions faire du cinéma documentaire, mais avec nos propres idées, sur d’autres thèmes, d’une autre manière. C’est à ce moment qu’avec Pedro Betancourt et Antonio Romero nous avons fondé le groupe audiovisuel Imagenes del Caribe, conscients du fait que nous voulions travailler sur des sujets liés à l’identité culturelle, liée à la relation de Cuba avec la Caraïbe, avec les images des noirs et spécifiquement sur le thème de la migration.

Nous ne savions pas comment nous allions produire et aujourd’hui non plus. Les conditions sont très difficiles et je ne conseille cette recette à personne, cette une recette guidée par ma volonté et celle des personnes qui m’entourent, ami/e(s), parents, connaissances et des institutions disposées à collaborer. Tous ceux là aussi travaillent, ils te soutiennent, il y a aussi des gens en dehors de Cuba qui contribuent à nos projets. Par exemple, le premier matériel réalisé par Imagenes del Caribe l’a été possible la précieuse aide de notre ami Chester King, qui depuis les États-Unis nous a fait parvenir une caméra, des microphones et avec cela, un certain nombre de cassettes, très peu d’argent, la volonté et avec une énorme volonté, nous nous sommes lancés d’ci, de la Havane à la province de Ciego de Avila pour raconter l’histoire des gens de la Caraïbe anglophone, de la Jamaïque, de la Barbade, de Trinidad, de ST Kitts etc. qui avaient émigré à Cuba au début du 20ème siècle, des gens qui ont aussi mis leur grain dans ce grand melting pot qu’est la culture cubaine.

Je suis noire et j’en suis très fière 

-          Sur le thème du noir dans l’œuvre de gloria Rolando

À cause de ma propre origine, parce que je suis intéressée à voir l’histoire de nos gens, qui même si elle a été racontée doit continuer de l’être et en partant de perspectives différentes.

Je pense que depuis que j’ai commencé à vouloir une certaine indépendance en relation avec ce que je souhaitais réaliser, j’ai toujours jeté un regard sur le thème de la culture afro, de son histoire, de la religion, de la vie civile, de la vie sociale et politique.

Je suis noire et j’en suis fière, mais il y a également la famille, les amis, le monde dans lequel j’ai grandi que je voyais peu à l’écran, et je voulais dès lors l’exprimer de mon point de vue, à ma façon, et même les thèmes religieux comme la Santeria, je voulais avoir une approche en tant que femme et d’un point de vue affectif. Je suis une femme qui a été élevée entre  ma mère et ma grand-mère, des personnes affectueuses, dignes et j’avais besoin pour mon œuvre de cette image de dignité et de tendresse pour les noirs. Dès que j’ai commencé à réaliser, les deux premiers documentaires furent dédiés à Lazaro Ross et Sara Gomez Llera, la première femme à avoir fait du cinéma ici à Cuba qui mourut en 1974, même si je n’ai jamais réussi à réaliser ce dernier. J’ai commencé avec cet objectif, mais par la suite j’ai avancé à mesure que j’apprenais et que je commençais à m’intéresser à d’autres contenus. C’est ainsi par exemple l’idée de traiter d’une thématique dédiée au monde magique des patakines, je me suis engagée chaque fois encore plus dans la thématique noire, mais du point de vue historique, social et politique. À présent, je suis engagée dans le thème des Indépendants de Couleur (Independientes de Color) qui est un fait très important dans l’histoire de ce pays et qui fait partie de cette grande thématique du monde noir.

-          Sur ses œuvres les plus importantes

Ma relation avec mes œuvres est effective, car il ne s’est pas agit d’œuvres sur commande, elles sont sorties de mes tripes et sont liées à ma vie. Si je dois en mentionner trois, je commencerais par ‘‘Oggun’’, la première que j’ai fait pour ce que cela signifiait pour moi de travailler avec Lazaro Ross, une figure si importante dans la culture cubaine et pour le monde de la diaspora africaine, sa voix unique, cette voix yoruba qui nous a identifié et qui continue de nous identifier en tant que cubains. Il s’agit d’un documentaire que je ne peux oublier, c’est lui en plus qui m’a lancé en m’ouvrant la porte du monde, surtout auprès du public des États-Unis, mais également ici, les gens m’ont beaucoup remercié pour ce documentaire, même s’il n’est pas si connu puisqu’il n’a pas été largement diffusé.

Une autre œuvre que je ne peux pas mettre de côté est la seule expérience de fiction que j’ai vraiment réalisé : ‘‘Las raices de mi corazon’’, une approche vers ce chapitre de l’histoire cubaine qu’est le Parti des Indépendants de Couleur (Parti de los Independientes de Color), mais surtout du point de vue humain. Je ne fais pas une chronologie de ce qui s’est passé avec le Parti, le seul Parti des noirs à Cuba, ou de ce qui s’est passé lors du Massacre de 1912.

Mon questionnement fut : que s’est-il passé avec les noirs? Qu’est-il arrivé à ces familles déchirées ? Qu’est-il arrivé à ces disparus? La raison étant que le thème des disparus fait partie de l’histoire de Cuba et nous l’avons vécu à ce moment là. Les noirs qui avaient disparu étaient membres ou non du Parti Indépendant de Couleur, par conséquent, de nombreuses familles furent séparées.

Il y a un autre documentaire faisant partie de mes œuvres que je tiens à mentionner comme quelque chose de significatif. ‘‘Nosotros y el jazz’’, un autre rapprochement de la vie sociale des noirs de Cuba, du monde des Sociétés de Couleurs (Sociedades de Color), du monde de la danse, des noirs et de leurs aspirations, un autre type de projection. Ils apparaissent pour la première fois dans un documentaire photo des sociétés noires qui existaient avant la révolution à Cuba, ces images sont très importantes car elles aident également à casser un peu ce stéréotype de l’esclave, c’est un chant à l’amitié et une façon de voir le troisième âge avec toute son énergie.

Dans mon œuvre, le thème de la migration a également été important, de même que la manière dont Cuba a partagé son histoire avec le reste de la Caraïbe. Tel est le cas de mon documentaire ‘‘ Los hijos de Baragua’’ et du plus récent ‘‘ Pasaje del corazon y la memoria’’ qui aborde le thème des Îles Caïmans, un lieu d’où les gens avec une petite barque modeste venaient chercher de l’aide, un espoir de vie. Il est basé sur des faits réels, sur les besoins de l’homme et de la femme de la Caraïbe d’émigrer et de chercher un avenir pour sa famille.

Le carnaval est un autre thème important avec ‘‘ El Alacran’’ et ‘‘ Los Marqueses de Atares’’ dédié aux comparses traditionnelles qui ont débuté leur travail vers 1937 et restent présentes dans le carnaval de La Havane.’’

Notre longue conversation avec Gloria Rolando nous a donné suffisamment d’éléments pour renforcer dans nos pensées l’idée que la majorité de nos créateurs possèdent dans leur bagage créatif à la fois de la passion et de la volonté comme éléments indispensables.

www.afrocubaweb.com/antonioromero/boletinafrohispana4-2008.pdf

Members of the Party: the Independents of Color

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