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Afrodescendants d'Amérique Latine et des Caraibes
6 juin 2006

Afro descendants et religions en Amérique Latine (Première partie)

Frei David Raimundo dos Santos. freidavid@saofrancisco.edu.br

Afrobrésiliens

Publié en 2003 - http://latinoamericana.org/2003/textos/castellano/DosSantos.htm

Interdit de reproduire sans mon accord - guymbarga@hotmail.com

Parler de la relation du Noir avec les religions c'est inévitablement  débattre du rôle du Noir dans la société dans son ensemble au cours de ces 500 années d'histoire. Durant ce processus, l'Église a défendu le point de vue du colonisateur, et elle le faisait à travers l'enseignement de la doctrine chrétienne et de la tradition catholique, puisqu'elle considérait que les cultures des noirs et des indigènes étaient inférieures et dépourvues de la présence de Dieu. 

Durant la période de l'esclavage, l'Église Catholique a toujours défendu la position supérieure des blancs, en se servant des lois et des conventions qui leur garantissaient les meilleures charges (emplois), titres et autres privilèges.

Dès le XVIe siècle, on a empêché aux Noirs, aux métisses, aux nouveaux chrétiens et aux indigènes d'occuper des charges de confiance et d'honneur, en utilisant le prétexte qu'ils n'avaient pas de tradition catholique ni de titre de noblesse.

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  Les arguments utilisés étaient de nature théologique et sociale. On affirmait que ces groupes appartenaient à la race impure, et que leur sang était souillé; d'où l'expression  "race infecte" qui apparaît dans les documents coloniaux. 

Tout cela n'était pas que des idées, mais quelque chose qui fonctionnait dans la pratique. Pour occuper des charges, le candidat devait prouver qu'un sang propre coulait dans ses veines, ou bien qu'il n'avait aucun ancêtre appartenant aux races impures.

C'était la seule manière d'être considéré comme une personne digne de confiance, bonne, vertueuse, craintive de Dieu, honnête. 

On peut affirmer que jusqu'à la fin du XVIIIe siècle un racisme de fondements théologiques a persisté au Brésil. Il stigmatisait tous ceux qui descendaient des Juifs, des Noirs et des indigènes, classés comme "faux chrétiens", ennemis du royaume et de l'Église, en plus d'être perçus comme une menace pour la foi,  la doctrine et aux bonnes coutumes.

 

Face à cette réalité, la tradition catholique a occupé l'une des places les plus élevées sur l'échelle hiérarchique de la société chrétienne, et le noir devait choisir entre deux possibilités d'action : s'adapter aux valeurs de la culture blanche et européenne qui caractérisent la tradition catholique, en assimilant les habitudes et les coutumes d'une culture qui ne lui appartenait pas ; ou bien recouvrer ses racines dans les religions africaines qui maintenaient les traditions africaines dans leurs cultes et célébrations.

En optant pour l'expérience chrétienne, à l'intérieur d'un modèle traditionnellement européen, le Noir catholique a cessé d'expérimenter toute la richesse culturelle héritée de l'Afrique, il s'est éloigné des questions raciales graves, comme la discrimination et le préjugé racial, les problèmes de la condition sociale précaire comme résultat du racisme masqué par un  système social injuste... Tout cela par rapport à une action limitée de l'Église sur la question ethnique et sociale.

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L'évangélisation est nécessairement passée par un processus d'occidentalisation, c'est-à-dire qu'elle a été rendue viable à partir de la détérioration des traditions africaines au sein de la population afro-brésilienne.

Autrement dit, l'Église au Brésil a légitimé l'esclavage de façon théorique, spirituelle et  pratique et elle a pour tradition historique d'essayer de coopter des secteurs populaires en faveur de structures socio-économiques injustes. 

L'Église est alors devenue un obstacle pour l'idéal de libération, permettant aux religions africaines de gagner un espace significatif dans l'expérience de la foi de la population afro descendante, puisqu'elles sont devenues une forme  réelle de résistance des Noirs. 

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Il s'agit là de la  conséquence de l'influence de la classe dominante qui, en se rendant compte de la force et de l'importance de la religion dans la vie du peuple noir, a décidé de s'attaquer à la façon singulière  de communiquer avec Dieu de ces Noirs.

Elle n'a pas accepté que bien que les valeurs de l'Évangile doivent toujours constituer l'essence,  chaque peuple doit définir la manière de célébrer, de louer et de ritualiser sur la base de sa propre culture.

Nous, Noirs du Brésil, voulons qu'il y ait réellement liberté religieuse pour tous. Nous exigeons, spécialement, que toutes les Églises qui se disent chrétiennes respectent les cultes afro-brésiliens.

Nos frères noirs et blancs qui suivent les cultes afro-brésiliens dans leurs formes les plus proches de l'original ou dans des formes syncrétisées, sous des noms les plus divers, ont le droit à leur liberté religieuse.   

Cette préoccupation pour la question raciale est une réponse aux besoins de la population afro-brésilienne, autant dans le sens de lutter pour le droit de voir notre propre espace préservé, que dans le sens de promouvoir la conscientisation de la population sur la question raciale.

  Dans une enquête réalisée par le Data Folha (1995), il a été démontré que 59 % de la population brésilienne est formée par des afro descendants et, de ce total, on estime que 30 % sont catholiques; 20 % sont catholiques mais fréquentent d'autres religions; 20% suivent les religions africaines ; 5 % suivent les religions dites '' spiritiques '';  20 % suivent les religions évangéliques et les 5 % restants n'expriment pas de préférence religieuse spécifique. Ces données sont le résultat d'une estimation, puisqu'il n'y a pas d'enquête fiable qui aborde cette question.

Le gouvernement brésilien y travaille par le biais de l'IBGE, mais c'est un fait avéré que la population noire - au Brésil et dans le monde - est très religieuse.   

On observe aussi qu'une bonne partie de ce pourcentage cherche une orientation dans les religions évangéliques.

Traduit de l'Espagnol par Guy everard Mbarga

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