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Afrodescendants d'Amérique Latine et des Caraibes
6 juin 2006

Le combat des Afrovénézuéliens pour une meilleure image

La marche organisée ce jour là par la Fondation Bolivarienne pour les Peuples d'Afrique au Vénézuela,  l'Association Bénéfica pour la Communauté Africaine au Vénézuela,  la coopérative audiovisuelle Africaracas et  le Collectif Yo y Yo est partie de la place Bolivar jusqu'au Panthéon National. 

Les participants ont parlé une fois de plus de la révision du préambule de la Constitution pour inclure-et par là même reconnaitre - les contributions morales, politiques, religieuses et technologiques des afro descendants à la culture vénézuélienne.


Le président de la fondation Afroamérica, Jesús «Chucho» García,  explique que le Réseau des Organisations Afro vénézuéliennes fait la promotion de cette proposition depuis l'année 2000.

«Quand on parcourt le préambule de notre Constitution, il parle de l'héroïsme et du sacrifice des indigènes et des libérateurs, mais il ne dit rien sur les afro descendants, qui constituaient 10% de la population en 1810 et furent utilisés comme chair à canon  pour l'indépendance», affirme-t-il.

Selon le président d'Africaracas, Milco Chacoa, coopérative qui s'occupe de divulguer l'héritage culturel de la tradition africaine, ce plus de visibilité est nécessaire car l'omission «peut être une forme de racisme».

Il indique que l'objectif visé n'est pas seulement celui de la modification de la préface constitutionnelle, mais aussi l'inclusion d'un article «dans lequel le Vénézuéla reconnait les contributions morales, sociales et politiques des afrodescendants», ainsi que le vote d'une loi contre le racisme et la discrimination.   Concernant cette  réglementation, Chacoa explique qu'elle doit être large pour pouvoir prendre en compte tous les groupes qui de toute manière sont marginalisés socialement, que ce soit pour la couleur de peau ou pour tout autre trait physique.

Le délai de deux ans que l'Organisation des Nations Unies (ONU) a donné au Venezuela pour entreprendre la réforme constitutionnelle a commencé à courir en 2005. "Par A ou par B, cela se fera", souligne le président de la fondation Afroamérica. García admet que la réussite de ce projet dépend de la volonté politique de l'Assemblée Nationale. Cependant, il considère que la pression externe de l'organisation internationale est plus décisive.

Selon lui, la législation vénézuélienne a quelque chose à rattraper vis-à -vis de la population afro descendante,  surtout si l'on tient compte du fait que la Colombie, le Brésil,  le Nicaragua, le Pérou et l'Équateur disposent déjà de lois antidiscriminatoires ou revendicatrices des origines africaines.

Mais le point de vue légal n'est qu'un de six axes tracés par le Réseau des Organisations Afrovenezuéliennes pour placer le sujet de l'afro descendance au centre des politiques de l'État vénézuélien. Les points suivants complètent la liste : effectuer un recensement des afrodescendants, modifier le programme d'Éducation de Base et Supérieure, exécuter le plan d'action de  la Conférence Universelle Contre le Racisme qui s'est tenue en 2001 à Durban, Afrique du Sud, et créer des espaces publiques qui canalisent les demandes de cette population en matière de santé et de développement soutenable.

Malgré les conquêtes à réaliser et le long chemin qui reste à parcourir, il y a quelques avancées qui dénotent un meilleur panorama.

Dans son rapport périodique de 2005, le Comité pour l'Élimination de la Discrimination Raciale (CEDR) de l'ONU a souligné les actions entreprises tant par l'État que par les organisations sociales en vue d'éliminer toute forme de discrimination raciale et ethnique.

Parmi elles, il mentionne la Loi de Responsabilité Sociale à la Radio et à la Télévision comme instrument encourageant la tolérance entre les peuples, l'acceptation de la date du 10 mai comme Jour du fait Afrovénézuélien et la création de la Commission Présidentielle pour Combattre toutes les Formes de Discriminations Raciales, qui n'a pas encore prêté serment.

De plus, il a loué le fait que la Constitution distingue le caractère multiethnique et pluriculturel de la société vénézuélienne.

Contradiction complémentaire


L'anthropologue Rafael Strauss, auteur du  Diccionario de la Cultura Popular (Dictionnaire de la Culture Populaire ) et directeur de l'École d'Histoire de l'Université Centrale du Venezuela  (UCV), révèle que la société vénzuélienne fait preuve d'une contradiction.

" Culturellement et idéologiquement parlant, le Vénézuélien se sait membre d'une société métisse, mais une sorte de discrimination continue d'exister envers les personnes dont le phénotype révèle des liens avec la matrice africaine", explique t-il.

Mais loin d'être un fait isolé, ce phénomène est une manifestation évidente de notre passé.

Strauss estime que les valeurs de la culture dominante, ici l'européenne, ont déterminé la façon dont les minorités indigènes et Noire allaient être perçues dans la culture vénézuélienne.

«On associe le noir à la force du mal et la force la plus effroyable dans la pensée judéo chrétienne, c'est le démon», affirme-t-il.

Ainsi, ''démon'' et ''mandingue'', qui fut l'ethnie africaine la plus rebelle au Venezuela sont devenus des synonymes.

«C'est là qu'est née la discrimination », affirme Strauss.

Il ajoute que, comme conséquence, l'histoire vénézuélienne n'a pas pris en compte de façon objective l'importance que les Noirs et des indigènes ont eue dans l'économie et dans la construction de la culture nationale.

«"Quelle est l'image du Noir qui ne nous a jamais été permis d'avoir? Celle d'une personne créative, sur qui a pesé 99 % de l'économie coloniale, de quelqu'un de débrouillard et de profondément travailleur", indique l'auteur d'El diablo en Venezuela.

Traduit de l'Espagnol par Guy Everad Mbarga

http://www.abn.info.ve/reportaje_detalle.php?articulo=183

Lorena Gonzalez - Caracas
ABN 01/04/2006

La commémoration du 152ième anniversaire de l'abolition de l'esclavage au Vénézuela le 24 mars dernier a permis de démontrer que les luttes des afrodescendants sont en pleine ébullition.

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