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Afrodescendants d'Amérique Latine et des Caraibes
14 août 2012

Le Brésil augmente son influence et son business en Afrique

Par  

Traduit de l'Anglais par Guy Everard Mbarga http://guyzoducamer.afrikblog.com/

RIO DE JANEIRO - Au Mozambique, le gouvernement brésilien ouvre une usine de fabrication de médicaments antirétroviraux pour lutter contre l'épidémie de sida. Le Brésil prête 150 millions de dollars au Kenya pour construire des routes et réduire la congestion dans la capitale Nairobi. Et en Angola, une puissance pétrolière émergente en Afrique de l'Ouest (?*) , un nouvel accord sécuritaire vise à accroitre la formation du personnel militaire angolais au Brésil.

 

 

Issouf Sanogo/Agence France-Presse — Getty Images

In Luanda, Angola, construction workers for the Brazilian company Odebrecht, which is among Angola’s largest employers.

 

Le Brésil qui compte le plus grand nombre d'afrodescendants de tous les pays en dehors de l'Afrique est de nouveau et avec assurance, en train d'augmenter sa visibilité sur le continent, en s'appuyant sur des liens historiques datant de l'époque de l'empire portugais.

La panoplie de projets d'aide et de prêts récemment accordés aux pays africains d'une part les ambitions du Brésil visant à projeter une plus grande influence dans le monde en développement et d'autre part l'augementation de l'attractivité  de l'Afrique pour les Affaires, où certaines économies sont en croissance rapide, même si d'autres demeurent aux prises avec des guerres et la famine. L'offensive de charme est payante avec l'essor des échanges commerciaux entre le Brésil et l'Afrique, qui sont passés à 27,6 milliards de dollars en 2011, alors qu'ils se situaient à 4,3 milliards de dollars en 2002.

 "Il y a le sentiment croissant que l'Afrique est la frontière du Brésil", affirme Jerry Dávila, un historien de l'Université de l'Illinois qui a beaucoup écrit sur une percée du Brésil à travers l'océan Atlantique Sud. ''Le Brésil est dans la position privilégiée d'avoir finalement atteint la capacité institutionnelle de le faire."

Les incursions du Brésil en Afrique sont du même acabit que les ambitions des autres puissances montantes, comme la Turquie, qui a établi sa domination dans le monde arabe, et de la promotion de sa propre culture par l'Inde à travers l'Asie.

L'importance accordée à l'Afrique reflète également le changement du Brésil qui est passé de bénéficiaire à fournisseur d'aide. Les grands défis du développement persistent au Brésil, comme les écoles publiques misérables et un ralentissement marqué de l'économie cette année.

 Mais le Brésil est un important exportateur agricole qui a récemment dépassé la Grande-Bretagne en tant que sixième économie du monde, et peut désormais se vanter de compter plus d'ambassades en Afrique que la Grande-Bretagne - un changement notable comparé à l'époque durant laquelle le Brésil s'appuyait sur l'aide étrangère dans les années 1960, principalement des États-Unis , pour atténuer la famine dans le nord pauvre du pays.

 L'Afrique représente aujourd'hui environ 55% des décaissements de l'Agence Brésilienne de Coopération, qui encadre les projets d'aide à l'étranger, selon Marco Farani qui en est le directeur. Il indique qu'en tout - échanges éducatifs et un portefeuille de prêts en expansion compris - l'aide étrangère du Brésil dépasse 1 milliard de dollars. De grandes portions de l'aide brésilienne vont également aux pays d'Amérique latine, et il y a une petite part destinée au Timor oriental, une ancienne colonie portugaise en Asie du Sud.

''Nous avons encore un profil d'aide étrangère plus petit que quelques autres pays, mais nous apprenons comment faire la coopération", indique M. Farani.

Le Brésil est toujours à la traine par rapport à d'autres nations, notamment la Chine et les États-Unis, qui ont des programmes d'aide et des échanges commerciaux beaucoup plus vastes en Afrique. Ailleurs en Amérique latine, le Venezuela et Cuba ont proposé différentes manières de renforcer les liens avec l'Afrique. Le Venezuela a organisé une réunion en 2009  des dirigeants africains et sud américains lors duquel le président Hugo Chávez a scellé une alliance avec le leader Libyen de l'époque, le colonel Mouammar el-Kadhafi.

Durant la guerre froide, les troupes cubaines ont soutenu des gouvernements communistes en Afrique. En Angola, cette mission comprenait la tâche apparemment paradoxale de la protection d'un complexe pétrolier Chevron, alors que dans le même temps, les États-Unis soutenaient une insurrection contre les dirigeants de l'Angola. Plus récemment, Cuba a envoyé des milliers de médecins en Afrique.

Mais tandis que les efforts cubains et vénézuéliens ont largement favorisé le développement de la solidarité mondiale avec certains pays africains, l'implantation croissante du Brésil en Afrique est plus complexe, impliquant des ambitions de transformer le Brésil en une puissance diplomatique et économique.

Après une augmentation d'ouvertures de missions diplomatiques au cours de la dernière décennie, le Brésil compte aujourd'hui 36 ambassades à travers l'Afrique, et espère ouvrir une 37ème au Malawi cette année. Le Brésil utilise déjà cette présence pour renforcer ses actions sur la scène mondiale, en envoyant des jets pour déplacer des délégations de la Sierra Leone, du Libéria et du Cap-Vert à la Conférence des Nations Unies sur le développement durable qui s'est tenue ici en Juin.

D'autres projets sont destinés à attirer les Africains à venir étudier au Brésil. Une nouvelle université a commencé à offrir des cours l'an dernier aux étudiants issus des pays de langue portugaise parmi lesquels l'Angola, la Guinée-Bissau, le Mozambique et São Tomé et Principe.

Comme le Brésil n'a pas besoin d'importer de grandes quantités de pétrole  ou de nourriture, ses plans en Afrique diffèrent quelque peu des autres pays qui recherchent une plus grande influence. Les projets d'information consistent largement en des efforts visant à accroître les possibilités pour les entreprises brésiliennes, qui travaillent parfois avec le gouvernement du Brésil à offrir de l'aide.

Certains des plus grands progrès du Brésil, de façon prévisible, se font dans les pays de langue portugaise comme l'Angola, où la compagnie Brésilienne de construction Odebrecht fait partie des plus grands employeurs, et au Mozambique, où le géant minier Vale a commencé les travaux d'expansion d'un projet de mines de charbon d'une valeur de 6 milliards de dollars.

Mais les entreprises brésiliennes sont également en train de passer d'autres parties de l'Afrique au peigne fin en quête d'opportunités, en posant par exemple des balises en Guinée et au Nigeria. Une banque d'investissement de premier plan au Brésil, BTG Pactual, a lancé un fonds de 1 milliard de dollars en mai dont l'objectif est l'investissement en Afrique. De nouveaux liens naissent  également, comme les entreprises agricoles brésiliennes au Soudan; un vol d'Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, à São Paulo, et un câble de fibre optique reliant le nord-Est du Brésil à l'Afrique de l'Ouest.

Certaines des incursions du Brésil en Afrique se sont accompagnées de complications, dont la critique du réchauffement des liens avec les dirigeants associés à des violations des droits de l'homme, comme le président de la Guinée équatoriale, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo. Une mesure de liberté de l'information a permis aux journalistes de se plonger dans le commerce des armes en Afrique par des entreprises brésiliennes, dont la vente de bombes à fragmentation au Zimbabwe.

Les étudiants africains poursuivant leurs études au Brésil ont déposé de nombreuses plaintes décrivant des insultes et des agressions, compliquant ainsi le mythe de la ''démocratie raciale'' qui a prévalu autrefois ici, et à travers lequel les chercheurs soutenaient que le Brésil avait largement échappé à la discrimination fréquente dans d'autres sociétés.

Un jour ici à Rio, Eleutério Nhantumbo, un officier de police mozambicain ayant une bourse d'étude en sécurité publique dans une université brésilienne, indique qu'une fois, il a été arrêté par des policiers . Ils lui ont ordonné de relever sa chemise à la sortie d'un magasin parce qu'ils le soupçonnaient d'avoir volé quelque chose.

Quand il a demandé pourquoi ils l'avaient choisi, il affirme que les policiers lui ont répondu par une insulte à caractère racial et l'ont prévenu de ne pas s'adresser à eux sans respect, et en entendant son accent portugais, ils l'ont interrogé sur ses origines. "La police a demandé, ''C'est où le Mozambique? ", affirme  M. Nhantumbo qui est âgé de 33 ans. "Ils ne savaient pas qu'il existe un pays portant ce nom."

On estime que Brésil qui fut étroitement lié pendant des siècles à l'Afrique à travers les routes navales et le commerce des esclaves, a importé 10 fois plus d'esclavisés que les États-Unis avant l'abolition de l'esclavage en 1888. Pendant une période au cours du 19ème siècle, le Brésil fut le siège de l'empire portugais, faisant de la capitale de l'époque, Rio de Janeiro, un centre névralgique du commerce avec l'Afrique.

Ces liens se sont effrités jusqu'à ce que les dirigeants civils cherchent à établir des relations avec les gouvernements récemment devenus indépendants en Afrique au début des années 1960. Ce processus s'est refroidi après la prise du pouvoir par des chefs militaires au Brésil lors du coup d'état de 1964 soutenu par les États-Unis.

Puis la nécessité économique et la recherche du développeement d'une autonomie par rapport aux États-Unis ont jeté les bases dans les années 1970 du déploiement diplomatique actuel en Afrique. Cherchant à contrebalancer les dépenses en importations de pétrole, parmi lesquelles des cargaisons en provenance du Nigeria, les dirigeants militaires se sont employés à ouvrir de nouveaux marchés en Afrique pour les entreprises brésiliennes. Ils ont eu un certain succès, notamment en Angola qui venait d'obtenir son indépendance.

L'ancien président du Brésil, Luiz Inacio Lula da Silva, a construit a développé ces incursions lors de ces voyages en Afrique de 2003 à 2010, en évoquant la 'dette historique' que le Brésil a envers l'Afrique dans sa formation en tant que nation.

Taylor Barnes a contribué à ce reportage. http://www.nytimes.com/2012/08/08/world/americas/brazil-gains-in-reaching-out-to-africa.html

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