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Afrodescendants d'Amérique Latine et des Caraibes
21 octobre 2011

Le génocide de la Jeunesse noire au Brésil se perpétue

En 2002, 45% de Noirs de plus que de Blancs ont été assassinés. En 2008, ce taux était déjà passé à un impressionnant de 111,2%.

genocideLe nombre de personnes tuées par les agents de la police militaire en dehors de leur service a augmenté de 50% entre Septembre 2010 et août 2011 selon un rapport publié par le journal O Estado de S. Paul daté du 17 octobre. Cela s'est produit en même temps qu'une baisse du nombre d'homicides dans l'état et dans le pays. Le rapport montre également une augmentation des blessures intentionnelles causées par la police militaire en dehors du service - l'augmentation sur la période était de 17%.

Une donnée importante sur la violence au Brésil fait référence à la baisse des homicides dont les victimes sont blanches et une augmentation pour ceux dont les victimes sont noires. Selon la carte de la violence 2011, le nombre de victimes blanches est passé de 18 852 à 14 650, ce qui représente un important déficit de l'ordre de 22,3%, tandis que chez les Noirs, le nombre de victimes d'homicides a augmenté de 26 915 à 32349, ce qui équivaut à une croissance de 20,2%. Cette même étude calcule que le taux de victimisation des noirs, qui indique la probabilité (supérieure, égal ou inférieure)que les noirs soient victimes d'homicides au Brésil. Cet indice a augmenté:

- En 2002, 45% de Noirs étaient assassinés de plus que les Blancs% en cas d'homicide;

- En 2005, cet indice a bondi à 80,7%

- Et enfin, en 2008, le taux a augmenté pour atteindre un impressionnant 111,2%!


Ces données sont le résultat d'une augmentation vertigineuse du taux global d'homicide dans les États où la présence des personnes noires est forte . Les Etats dans lesquels on tue le plus les Noirs au Brésil sont dans l'ordre Pernambuco, Alagoas, Espirito Santo, le District fédéral et Rio de Janeiro.

Le taux de victimisation des noirs dans l'Alagoas est 1225,9%, dans Paraiba de 1099%, dans Amapá 748,1%. Le cas de l'Alagoas est emblématique, puisque cet état se classe au premier rang du taux d'homicides en général, mais quand il s'agit juste de la population blanche, il est 24ème. Il existe donc ici, une action explicite de génocide de la population noire dans l'état. Une situation similaire se produit dans le Paraíba, l'État ayant le taux de morts par homicide de blancs le plus faible au pays, mais qui est classé septième en ce qui concerne la population noire.

Ces deux indicateurs démontrent les maux d'une société dans laquelle les valeurs de consommation sont placés au premier plan. Cela a fait croitre l'industrie de la sécurité privée qui emploie des agents de police hors service qui amènent dans ce type de "service" toute une culture de violence marquée par le racisme et une main d'oeuvre ''qualifiée''. Deuxièmement, cette situation renvoit à une autre importante, qui est la nécessité de revoir le profil idéologique cristallisé dans le domaine de la sécurité du pays où un service public essentiel est ouvertement mis au service de la protection du patrimoine au détriment de la défense de l'être humain et de la démocratie.

Idéologie de la dictature

En 1988, une organisation du mouvement noir du nom d'UNEGRO (Union des Noirs pour l'Égalité) défendait la thèse selon laquelle il existait au Brésil un processus programmé d'extermination programmé de la population noire et pauvre. L'organisation se basait sur un document de L'Escola Superior de Guerra (École Supérieure de Guerre) datant de 1988, intitulé ''Estrutura para o poder nacional no século XXI'' (Structure pour un pouvoir national au 21ème siècle) , un document qui soulignait que les les ceintures de misère et les "mineurs abandonnés" constituaient les forces potentielles de déstabilisation des «pouvoirs institués». Le document de l'ESG plaidait pour une action préventive des forces de sécurité, au premier plan, puis des Forces armées mêmes, pour " détruire cette horde de bandits, les neutraliser et même les détruire pour que soient maintenus la loi et l'ordre".

Ce que l'on percevait c'était une transition d'une idéologie de répression politique des années 70 (symbolisé par l'École Supérieure de Guerre, think tank de la doctrine de la dictature militaire) à une sécurité publique à partir du début du 21ème siècle, surtout lorsque les gouvernements brésiliens élus en 1989 , 1994 et 1998 inscrivirent le pays dans la doctrine néolibérale qui signifia une intensification de la concentration des revenus. La logique des interrogatoires pervertis par la torture dans les commissariats, la position ostensiblement violente des agents de LA PM dans les rues, la manipulation des preuves, entre autres choses, même l'approche presque institutionnelle consistant à justifier les actes de violence de la police en réponse à la supposée résistance de la victime rappelle ces périodes de répression politique.

Pour toutes ces raisons, il est important que le mouvement qui lutte pour la Commission Vérité et pour la clarification au sujet des crimes commis pendant la dictature que le débat s'élargisse au-delà de simples révélations de ce qui s'est passé durant cette période. La vérité de cette époque doit être vue comme un élément crucial pour une transformation profonde au sein des forces de sécurité du pays, même si le régime démocratique ait été consolidé, vit encore avec des institutions qui fonctionnent sous la doctrine de la dictature militaire. Et le plus gros problème est que les victimes ne sont pas seulement des militants politiques, mais des hommes et des femmes ordinaires, noirs en majorité, dont le principal crime est de vivre dans les banlieues.

Traduit du Portugais par Guy Everard Mbarga http://guyzoducamer.afrikblog.com

 

http://www.geledes.org.br/areas-de-atuacao/questao-racial/violencia-racial/11495-genocidio-da-juventude-negra-doutrina-da-ditadura-e-racismo-continua-firme-e-forte-nas-forcas-de-seguranca

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