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Afrodescendants d'Amérique Latine et des Caraibes
2 mai 2011

Tony Williams, auteur de Sainte Lucie évoque la race, la classe et l'histoire


 

Par  David B Dacosta

Traduit de l’Anglais par Guy Everard Mbarga http://guyzoducamer.afrikblog.com/

C’est le désir secret de presque tous les journalistes de devenir  l'auteur d'un jour d’un livre sur le sujet de leur passion. Pendant des années, Tony Williams, fondateur de Caribbean Book Blog, a réfléchi à cette éventualité future. Malgré en tête l’idée de la distribution de masse qui lui trottait, l’écrivain et opérateur de blog a courageusement plongé dans le monde de l'impression à la demande en ligne et du livre électronique pour son premier roman, Forbidden. Le tome de près de 700 pages, décortique avec conviction la race, la classe et l'histoire.


auteur

Comment avez-vous réussi à décrocher un emploi au Service d'information du gouvernement de Sainte-Lucie alors que sortiez fraichement l'école secondaire?

C’était
un des nombreux endroits où j'avais posé ma candidature sur une période d'environ 6 mois. C’était dans les années 70, lorsque les conditions requises pour obtenir un emploi dans la fonction publique n’étaient pas aussi strictes et pénibles qu'elles le sont maintenant. Ce fut également un heureux hasard, car le chef du SIG était en fait à la recherche de quelques jeunes recrues ayant un potentiel de rédacteur pour former des apprentis potentiels. La politique d'apprentissage était encouragée à l’époque, plutôt que de compter presque exclusivement sur les qualifications académiques comme c’est le cas aujourd’hui. Il connaissait aussi ma famille et cela a aidé.

Votre famille possédait une bananeraie. Cela avait-il un lien avec l’époque coloniale?


Mes parents ont eu des débuts pauvres et modestes. Mon père possédait d’abord un magasin avant de déménager à la Barbade, où il a travaillé pendant quelques années avant de rentrer. Il a investi ses économies dans l'achat d'une propriété d'environ 177 acres pour environ 5.000 livres sterling, et a créé une société à responsabilité limitée avec ses trois frères. C’était dans les années 50. Elle appartenait au départ à une famille blanche de planteurs de cane à sucre. L'industrie sucrière était en déclin et ils voulaient en sortir. Mon père est alors passé à la banane. Il a également été actif dans la politique locale et a rejoint la campagne pour le passage de la dépendance de l'île de la canne à sucre à une dépendance de la banane. Il a aidé à former la défunte St. Lucia Banana Growers Association et fut son président pendant de nombreuses années. Il se souciait profondément de ses travailleurs et il l’a montré dans sa façon de diriger sa propriété.

La couleur de la peau d’une personne est fortement liée à son statut social dans la société caribéenne. Qu'est-ce qui selon vous peut être fait pour supprimer ce mécanisme qui remonte à l'esclavage?

Ceux d'entre nous qui ne souscrivons plus à la notion selon laquelle
plus tu es blanc mieux c’est’, nous devons faire tout notre possible pour aider les autres à voir la folie de celle-ci. Nous devons être capables de nous sentir à l'aise avec ce à quoi nous ressemblons et avec la couleur de notre peau. C'est quelque chose dont chacun de nous doit se rendre compte individuellement, dans son propre cœur. Malheureusement, le couleurisme est si profondément ancré dans toutes les races et dans toutes les cultures et renforcé de plusieurs manières - à la fois ouvertement et subtilement - Je ne suis pas sûr que ce sera jamais complètement surmonté. Cela dit, je crois que chacun de nous a le droit d'aimer ou non le teint d'une autre personne, ainsi que le sien. Le vrai problème se pose lorsque cette préférence devient un facteur déterminant quand il s’agit de savoir si je suis autorisé à aller de l'avant ou à survivre - ou si elle te fait te sentir inférieure parce que tu n’es pas assez clair. À tout le moins, je pense que le fait de soulever la question ouvertement et d'en discuter franchement et ouvertement peut aider.

Dans certaines régions d'Afrique et des Caraïbes, s’éclaircir la peau est une pratique généralisée. L’artiste Dancehall, Vybz Kartel, a mis de l'huile sur le feu. Quel est votre avis?

Sa réponse à ses détracteurs est instructive. Son point de vue, essentiellement, est que la plupart d’entre nous, si ce n’est pas nous tous, vivent dans des maisons de verre - que ce soit par le défrisage de nos cheveux, les perruques et les tissages, en se faisant des implants capillaires et en se retouchant le nez et en utilisant du ‘‘cakesoap’’- et ne doivent pas jeter des pierres aux autres. Je me demande s’il est possible que beaucoup d'entre nous puissent contribuer à renforcer une vision négative de la négritude d'une manière ou d'une autre sans même s'en rendre compte. Je crois que la réponse est positive et c'est effrayant.

Votre roman, Forbidden, a une perspective haïtienne. Pourquoi avez-vous choisi Haïti et non Sainte-Lucie?

En fait, Sainte-Lucie et Haïti ont beaucoup en commun, des points de vue historique et linguistique. Les deux îles ont une histoire de soulèvements d'esclaves et de «marronnage» et ont été colonisées par les Français. Dans le cas de Sainte-Lucie, elle est passée des  Britanniques aux Français 14 fois. Les
Saint-Luciens et les Haïtiens parlent créole [Créole français]. Forbidden a cependant été inspiré davantage par l'histoire de Sainte-Lucie et le dilemme auquel l'île est toujours confronté  du fait d’avoir été colonisée par deux cultures en guerre et contradictoires. Les influences culturelles de l'Afrique de l'Ouest et l'Inde entrent également en jeu.

En tant que compatriote natif de Sainte-Lucie, Derek Walcott a-t-il joué un rôle quelconque dans votre décision de devenir un auteur?

Très peu. J'ai davantage développé un amour pour la prose, particulièrement la fiction, plutôt que de la poésie.
J'ai aussi beaucoup aimé le théâtre. Ce que j’admire chez Derek c’est son amour imperturbable pour la langue anglaise et sa tentative évidente de parvenir à sa maîtrise. Dans la période où il a grandi, on n’attendait pas moins de vous. On ressent le même trait perfectionniste dans son utilisation du créole. C’est ce que je trouve inspirant. J'étais aussi un fan de son défunt frère jumeau Roderick, ou Roddy comme on l'appelait à la maison. J'aimais ses pièces. Mais en ce qui concerne la personne qui m’a vraiment motivé à aspirer à une carrière d'écrivain, j’ai une dette de gratitude à mon enseignant d’école primaire, Augustine Joseph, qui croyait vraiment en mon potentiel littéraire et qui m'a vraiment poussé à exceller. Il avait la plus grande influence sur moi. Je suis également reconnaissant au poète Saint Lucien John Robert Lee, qui m'a enseigné la littérature à l'école secondaire, et a gardé en vie  ma passion pour la lecture et la narration.

L’édition à la demande et le  livre électronique payent une redevance plus élevée que les éditeurs traditionnels, mais les deux options peuvent vous arnaquer en vendant davantage de vos livres qu’ils déclarent. L’un des choix est-il meilleur que l’autre?

Il ya toujours une chance que vous soyez susceptible de vous faire arnaquer, quelque soit l’effort que vous y mettez. Si un écrivain est inquiet à ce sujet, alors il a deux options – oublier l’idée de vous auto-publier ou d'investir des milliers de dollars pour l'impression d'exemplaires de votre livre, de les stocker sous votre lit et de les vendre vous-même afin de pouvoir garder la trace des ventes. Ce n’est pas très attrayant, en particulier à l’ère de l’Impression à la demande. En fin de compte, la question est de savoir l'option qui vous offre la meilleure chance de mettre votre travail sur le marché, l'édition traditionnelle ou l'autoédition? La vérité à ce sujet est que la grande majorité des plaintes contre les éditeurs qui déclarent un nombre de livres vendus en dessous de la réalité proviendrait des auteurs publiés comme de tradition, et surtout cela concerne le livre électronique. En
même temps, on admet qu’en général, ce sont certains éditeurs, pas tous, qui sont coupables, et cela n’est peut-être pas  nécessairement dû à l’escroquerie, mais plutôt à des pratiques comptables archaïques (y compris leur dépendance aux estimations) qui n'ont pas suivi le rythme de la numérisation croissante et rapide de la production du livre et du processus de marketing.

Copyright 2011

http://caribbeanliterarysalon.ning.com/profiles/blogs/tony-williams-interview?xg_source=activity

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