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Afrodescendants d'Amérique Latine et des Caraibes
3 décembre 2010

Situation en Côte d’Ivoire et monopolisation du champ médiatique de l’Afrique Francophone par les médias Français

C_te_d_Ivoire

Vivre le feuilleton politique actuel de la Côte d’Ivoire est une occasion d’en apprendre encore plus sur le pouvoir qu’ont les médias occidentaux en Afrique, dans leur rôle de constructeurs, de faiseurs d’opinion.

Les relations entre la Côte d’Ivoire et l’ancien colonisateur a connu des soubresauts depuis l’arrivée de Laurent Gbagbo au pouvoir. Il faut rappeler l’épisode Marcoussis lors duquel un Ministre Français des Affaires Étrangères s’était comporté avec Laurent Gbagbo, Président de la Côte d’Ivoire sans le moindre respect. Sans oublier entre autre l’entrée en scènes de rebelles devenus Forces Nouvelles, que la France, pourtant soi-disant si éprise de légalité républicaine (1- chez elle) (2 -mon œil!), contribua à rendre légitime, ou encore l’intervention militaire française sur le plateau à Abidjan, détruisant le dispositif anti-aérien du palais présidentiel.

La France considère la Côte d’Ivoire comme sa chasse gardée (elle y a même un bataillon chargé de défendre ses ressortissants), et comme elle souhaite renforcer son poids du point de vue économique dans ce pays, elle veut des dirigeants ivoiriens qui vont davantage veiller à ses intérêts. Elle a donc une présence humaine d’ordre économique et militaire et veut avoir encore plus son mot à dire du point de vue politique, sous le couvert mi-fallacieux de rendre la Côte d’Ivoire démocratique. Les militaires protègent les français (et les étrangers présents) et les intérêts économiques (présents et futurs) et agissent pour imposer le sens politique choisi par le gouvernement Français quand c’est nécessaire et faisable.

Pour soutenir tout cela, un autre acteur majeur, celui qui permet souvent de mettre la cerise sur le gâteau, entre en scène ponctuellement, notamment en temps de crise, lorsque vient le temps de faire un joli emballage.

Il s’agit bien sûr de l’appareil médiatique franco-français. Il est présent à l’approche de l’instant décisif où la pression doit être à son maximum, comme par exemple, actuellement en Côte d’ivoire, où l’homme de la France qui a enfin pu se présenter aux élections touche presque le fauteuil présidentiel. L’Afp, RFI,TV5, Le Monde, France2, France24 et les autres qui dominent de mains de maîtres le champ médiatique de l’Afrique Francophone en Afrique et bien sûr à l’international jouent alors leur rôle de relais, de diffusion de ce qui est en fait une propagande (bien sûr, mieux ficelée que dans les anciens pays communistes).

La Côte d’Ivoire étant francophone, donc chasse gardée de la France pour laquelle, comme moi, les africains ont un double sentiment, ces médias français souvent partisans hors de leurs frontières (on défend la patrie), deviennent la source d’information non seulement pour leurs compères des médias occidentaux, mais aussi des autres médias africains. Le but ultime étant de faire céder le camp adverse sous la pression médiatique, au service du politique et de l’économique.

Tout est semble-t-il sous contrôle, on nous bombarde la même rengaine, sans nuance (ou toute légère), que l’on encaisse comme étant LA vérité.

La logique est certes à la fois simple dans son enchainement ou plutôt dans son système, et compliquée, mais elle a fait ses preuves dans son objectif de vendre une sauce au public et mettre la pression sur la cible, en espérant qu’elle cède le plus vite : comme l’opposition ivoirienne soutenue par le gouvernement français (GOF) défend une position, la même que le gouvernement français, les observateurs internationaux - occidentaux entre autres -, les instances internationales coiffées par des occidentaux, les gouvernements occidentaux - les seuls qui s’en mêlent -(sinon, on attend toujours la réaction du Mexique, de Cuba, du Japon, de l’Afghanistan, de l’Arménie ou encore de l’Iran), le médiateur (mon autre œil!) Blaise Compaoré et enfin les médias français (traduits, recopiés par les CNN, BBC et autres), la vérité ne peut que venir de ce camp très sérieux. La boucle étant bouclée, le public (population ivoirienne acquise à l’un ou à l’autre candidat, et international) observateur croyant avoir des éléments objectifs tenus de ses sources médiatiques mainstream et des autres acteurs crédibles acceptera d’autant plus aisément ce verdict.

Après, dans quelques semaines, des mois ou plus tard, lorsque Ouattara aura le pouvoir, un pseudo journaliste français ou autre viendra faire une véritable enquête, et nous révélera des choses que l’on sait aujourd’hui. Il sera trop tard de toute façon, la France aura déjà assuré ses intérêts grâce entre autres à sa puissante branche médiatique.

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Ps : Au moment où je publie ce message, des résultats ont été publiés par le président  de la CEI, donnant Ouattara vainqueur, dans l’hôtel protégé par l’Onuci où se trouve Ouattara, mais le camp Gbagbo conteste et le Conseil Constitutionnel veut prendre le relais.

Commentaire : Le camp Ouattara veut faire vite pour garder le momentum médiatique et ne pas laisser trop de temps passer, ce qui avantagerait Gbagbo en normalisant la situation avec un Gbagbo qui tient toujours les rênes du pouvoir. Ouattara s’est même déjà adressé à ses compatriotes dans la foulée, histoire d’agir plutôt que de subir les événements.

Ps2 : Le rouleau compresseur continue de mettre la pression sur Gbagbo : les États-Unis (par la voix d'Obama) demande de respecter le verdict des urnes, le Conseil de Sécurité de l'ONU (a No Player, dixit un cable de l'ambassade américaine à Hararé) menace de prendre les mesures appropriées (tellement efficaces en RDC), et le bras judiciaire de la communauté internationale (qui se résume aux pays que l'on sait)-le CPI met aussi son grain de sel. La symphonie est maintenant plus que parfaite.

Écrit par Guy Everard Mbarga

http://guyzoducamer.afrikblog.com

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Commentaires
S
Tu as tout à fait raison de souligner le poids des médias dans cette propagande en faveur du cheval français.<br /> <br /> 1. A propos de l'image où l'on voit un homme arracher des listes de résultats qui allaient être lues par un autre devant des journalistes, il convient de dire quelques mots. Cette image fait le tour du monde. Tous les commentateurs l'interprètent comme "un partisan de Laurent Gbagbo empêchant la CEI de communiquer des résultats". Une opposition à la marche de la démocratie en quelque sorte. Or, il s'agit de deux membres de la CEI qui ne sont pas d'accord sur l'opportunité de la publication des listes. Mais dans le monde entier, l'un est présenté comme représentant le droit (la CEI) et l'autre l'anti-démocrate (le partisan du président sortant). En Europe, parfois on voit dans les assemblées des députés se battre. Jamais on n'a dit que cela constituait un acte anti démocratique.<br /> <br /> 2. Les médias font croire que les résultats communiqués par la CEI sont les résultats définitifs. Or, la CEI n'est qu'un maillon intermédiaire du système électoral ivoirien. Il n'y a que le Conseil Constitutionnel qui a le droit de juger là où les membres de la CEI n'ont pas été d'accord pour annuler des votes. On peut critiquer le Conseil constitutionnel, mais on n'a pas le droit de présenter les résultats provisoires de la CEI comme les résultats définitifs de ces élections.<br /> <br /> 3. Je viens d'écouter les informations françaises. Il est question de ce que va demander Alassanne Ouattara "le président démocratiquement élu" à Tabo M'Beki. C'est du mattraquage, du bourrage de crâne. Et le Français se dit "oui, c'est lui qui est élu". Tout le monde ignore ce que dit la loi du pays dont on parle. Pas un mot de ce que va dire Laurent Gbagbo.
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