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Afrodescendants d'Amérique Latine et des Caraibes
22 septembre 2010

La place des adolescentes noires dans les magazines au Brésil

Comment l’adolescente noire est représentée dans les magazines destinés au public de ce groupe d’âge? Cette question a guidé la recherche menée par Carolina dos Santos dans le cadre de son mémoire de maîtrise présenté en août 2009. La professeure Nilma Gomes, de la Faculté d'Éducation de l’UFMG, a dirigé les travaux.

nilma

La chercheuse raconte que la motivation première de son enquête provient une expérience personnelle : "en tant qu’adolescente noire, je n’arrivais pas à m’identifier aux mannequins qui apparaissent dans des magazines." Plus tard, en tant que professeure d'histoire, elle s’est rendue compte que ses élèves lisaient les mêmes magazines et que le discours était le même. Après un certain temps, Caroline a remarqué que les adolescentes noires ont commencé à avoir de l’espace dans ces publications et a décidé d’analyser comment cela s’est produit.

Pourquoi avez-vous choisi d'analyser le magazine Atrevida parmi les publications pour adolescentes disponibles sur le marché?


Au début, l'idée était de travailler à la fois sur
Capricho et sur Atrevida. Capricho parce que j’étais une lectrice du magazine, j'ai commencé à lire Atrevida il y a moins de temps. Les deux ont le plus grand tirage et la circulation la plus importante, et au-delà de cela, ils sont très similaires. Toutefois, Atrevida a la singularité d’appartenir au même éditeur que celui du magazine Raça Brasil [publication qui vise le public noir]. C’est ce qui m’a amené à choisir ce magazine, car leur ligne éditoriale aborde déjà la question de l’image du noir.

De quelle manière l’adolescente noire est-elle traitée dans le magazine Atrevida?

La publication suit un idéal de beauté blanc européanisé, bien démarqué. Lorsqu’il ya une autre apparition, comme celle d’une adolescente noire, elle sert de crochet pour donner conseils sur la façon de minimiser les différences et de se rapprocher, au maximum de l'idéal de beauté perpétué par le magazine. La jeune femme noire fait des apparitions sporadiques comme sujet exotique et alternatif, c’est-à-dire dans la case de l'autre. C’est également le cas avec les asiatiques et les indigènes, même si elles apparaissent moins. Les autres diversités, comme les différences de poids et l’homosexualité ne sont également presque jamais abordées. La différence est contemplée pour enseigner à être semblable : vous représentez la différence, mais Atrevida vous apprend à en finir.

Un aspect quelconque a-t-il davantage attiré votre attention?

Ce qui m'a le plus marqué, c’est la question des lèvres. Dans plusieurs numéros, le discours est le même: les grosses lèvres charnues ne doivent pas être mises en relief, mais plutôt raffinées. Atrevida enseigne diverses techniques qui se répètent dans plusieurs numéros, sur la façon dont la lectrice qui a les lèvres épaisses peut les masquer. C’est également le cas pour le nez et les cheveux. Dans le discours, apparaît toujours l'idée selon laquelle le cheveu doit être éclatant, soyeux, et en mouvement, ce qui n'est pas caractéristique d'une chevelure crépue.

La manière dont la question raciale est traitée dans le magazine reflète-t-elle notre société?


Quand on lit sans faire attention, on pense que le magazine ne traite pas la question raciale. Mais c’est ambigu, tout comme l’est le racisme au Brésil, autrement dit, même en ne nommant pas explicitement ses lectrices blanches , le magazine le fait en insérant l’adolescente noire. C'est que, lorsque la publication présente l'autre, elle montre le type d'adolescente qu'elle privilégie. C'est un magazine qui configure également un type de comportement féminin idéal, soit celui d’une femme qui doit toujours penser au sexe opposé, et la manière de se comporter pour y parvenir. Ce qui résume bien cela c’est l’idée de la blancheur normative”: le blanc est le représentant de l'espèce, les autres sont les autres. On retrouve bien cela dans le contexte des relations raciales au Brésil.

Malgré les problèmes signalés dans votre recherche, estimez-vous que ce matériel peut être utilisé par les enseignants en salle de classe?

Tout d'abord, il faut que le magazine cesse d’être dans l’espace marginal qu’il occupe. Le souvenir que j'ai en tant qu'élève et même en tant que professeure, c’est celle de l’élève en train de lire ce type de publication sous la table qui le passe ensuite à la voisine. Ce qu’on peut faire c’est de se concentrer sur ce matériel. Ces magazines prétendent être instructifs dans un certain sens, avec des sections qui parlent, par exemple, des professions. Les enseignants pourraient utiliser certains de ces textes pour poser la problématique des carrières. En outre, ils prétendent traiter des sujets actuels. Même si les discussions proposées ne sont pas complètement satisfaisantes, elles peuvent constituer un point de départ ou un prétexte pour travailler sur d’autres thèmes.

(Centro de Alfabetização, Leitura e Escrita – Ceale – da Faculdade de Educação da UFMG)

Source : http://unecombateaoracismo.blogspot.com/2010/09/adolescentes-negras-ocupam-o-lugar-do.html

Auteure de l'entrevue : Aline Diniz. Date: 27/11/2009

Traduit du Portugais par Guy Everard Mbarga http://guyzoducamer.afrikblog.com/

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