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Afrodescendants d'Amérique Latine et des Caraibes
8 avril 2010

Des afrocolombiennes de victimes de déplacements à cheffes de micro-entreprises

Dans les quartiers pauvres de Buenaventura, le principal port colombien du Pacifique sous le contrôle des bandes de narcotrafiquants, les jeunes gangsters et des femmes noires déplacées se professionnalisent en musique, en danse et en gastronomie dans le but de s’éloigner du conflit.

kambiri

María Mina, une mère de famille âgée de 67 ans est arrivée il y a 6 ans à Buenaventura (la deuxième ville colombienne recevant le plus grand nombre de personnes déplacées à cause de la violence, soit 70.000 personnes selon l’ONU) fuyant le conflit armé dans sa ville natale de Juradó, à la frontière selvatique entre la Colombie et le Panama.

"Là-bas, ils ont tué mon époux. Je me suis vue forcée de fuir avec mes cinq enfants. Je suis arrivée à Buenaventura et pour survivre, j’ai commencé à préparer de la nourriture à des postes ambulants. Mes clients ont fait passé le mot et ma touche culinaire est maintenant connue jusqu’à Bogotá", dit-elle.

María fait partie du Réseau National des Femmes Afrocolombiennes 'Kambirí', une organisation qui regroupe 7000 femmes noires qui habitent le Pacifique Colombien et qui font partie de la population déplacée à cause de la violence.

La principale activité de ce groupe est la promotion de micro-entreprises. Grâce à 'Kambirí' (qui dans un dialecte de la région dérivé du swahili signifie 'nous t’accueillons dans notre famille') cette femme est passé d’un comptoir de restauration de rue à une micro-entreprise qui offre des cours de gastronomie et fournit des recettes à des restaurants exclusifs de la capitale colombienne.

Veneranda Ruiz, qui est âgée de 72 ans cherche un destin similaire, elle  qui est spécialiste dans la préparation de cocktails, de liqueurs, de jus et d’autres boissons fabriquées avec des fruits et des végétaux originaires de la région pacifique.

La femme possède 130 recettes de préparation des boissons exotiques portant des noms suggestifs comme 'Arrechera', 'Tumba-catres', 'No-te-me-resistas' (ne me résiste pas) et 'Acuéstate-conmigo',  Grâce à un cours qu’elle recevra à l’université locale, cette femme analphabète a bon espoir d’exporter son produit au panama et en Équateur.

"Grâce aux ressources de la coopération internationale, on essaie de faire que 7.000femmes de 23 municipalités colombiennes professionnalisent leurs savoirs et leurs habiletés. L’idée est que ce qu’elles savent très bien faire devienne également rentable pour elles", a indiqué à l’AFP la ministre de la Culture, Paula Moreno, chargée de la coordination de la réception des fonds et de leur exécution.

"Cela leur permet non seulement d’obtenir du financement, mais également au pays de conserver sa mémoire historique, renforcer l’héritage culturel et permettre aux nouvelles générations d’apprendre leurs coutumes ancestrales", ajoute la fonctionnaire.

Au sein de ce réseau de femmes, d’autres se consacrent à l’artisanat, aux chants, aux danses et rythmes autochtones. Comme celles que l’on appelle des 'platoneras', qui portent sur leur tête des plateaux ou 'platones' avec des produits qu’elles vendent.

"Avec le soutien que nous recevons aujourd’hui, nous nous sentons que nous appartenons effectivement à ce pays, comme une partie productive d’une communauté. Nous sommes toutes arrivés à Buenaventura avec un nom distinct, mais avec un surnom commun: déplacé, qui est synonyme de relégué. Nous avons désormais réussi à obtenir le statut de personne", réfléchit Luz Mina Gutiérrez, coordinatrice de réseau des femmes déplacées.

L’expérience est également appliquée avec les jeunes gangsters des quartiers pauvres de Buenaventura et de Cali. "Ils sont attirés par la musique et la danse. On cherche par ce biais à les professionnaliser ", indique Moisés Medrado, directeur des Services aux Populations du ministère de la Culture.

Le programme a doté une centaine de jeunes d’instruments de musique et d’équipement d’enregistrement. Plusieurs de ces groupes ont déjà des disques compacts et d’autres font des présentations publiques.

"Avant, j’étais respectés grâce à une mitraillette. Mais en montrant mon art, en bougeant mon corps, j’ai changé la peur par l’admiration. Et même si je sais que ce que je reçois en argent n’est pas beaucoup, pour la première fois je me sens bien avec moi même", pense le danseur Milton Mosquera, âgé de 17 ans et membre du groupe de Hip Hop Los Chavos.

Source : Univisión et Palenke

Traduit de l’Espagnol par Guy Everard Mbarga http://guyzoducamer.afrikblog.com/

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