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Afrodescendants d'Amérique Latine et des Caraibes
16 décembre 2009

Le problème racial du football brésilien

Le plus remarquable dans la victoire il y a deux semaines en championnat national de l'équipe brésilienne de Flamengo, ce ne sont pas les 17 années que le club a dû attendre, ni l'été indien que vit Dejan Petkovic, le milieu serbe de 37 ans. La véritable surprise réside dans le fait que le club ait un entraineur noir en la personne de Jorge Luís Andrade.

Le spécialiste de  SporTV Telmo Zanini en a parlé comme d'une "étape importante" et a indiqué que  "l'on espère que ce jour deviendra symbolique pour le football brésilien et qu ecela aidera à ouvrir les portes pour les entraineurs noirs."

Alors qu'on acclamait Andrade comme étant le premier entraineur noir à avoir remporté le championnat national du Brésil, certains fans du Flamengo ont signalé que  Carlinhos, le manager qui dirigeait leur équipe lors de leur dernier titre en 1992 était en réalité le premier. Mais Carlinhos est généralement perçu comme étant un métisse.


Le problème de l'identité raciale  – et de savoir qui est classé noir – au Brésil reflète le préjugé plus général auquel sont confrontés les entraineurs noirs. Il s'agissait pour Andrade de la sixième fois qu'il occupait ce poste à Flamengo qui l'avait nommé alors qu'on en était au tiers du championnat. Mais c'était la première fois qu'il l’était en tant que permanent. Voté entraineur brésilien de l'année, il a été applaudi pour avoir mis en place les éléments ayant permis au Flamengo de repartir à la conquête d’une victoire en championnat auparavant improbable, en exploitant les talents rebelles d'Adriano, de Petkovic et de Zé Roberto. À l’époque,  la nomination d'Andrade avait été critiquée, et beaucoup s'attendaient à ce que Flamengo embauche plutôt une célébrité. Ce qui veut dire en d’autre termes avec un plus gros salaire, un entourage coûteux et – presque toujours – un blanc. Aucun autre club brésilien de Première Division n'est entrainé par une personne qu'un média Brésilien pourrait considérer comme étant un homme noir.


Andrade lui même reconnait le problème. "Beaucoup pensaient que j'étais incapable de faire du bon travail, et puis il y a le problème de la couleur. Au Brésil, il y a peu d'entraineurs noirs." Et cette règle s'applique même à des clubs comme Flamengo et Vasco qui furent  au premier plan lorsqu’il s’est agi de faire tomber les barrières pour faire intégrer les joueurs noirs il y a environ 70 ans.

Les clubs brésiliens obérés semblent plus vouloir jeter l’argent entre les mains de l'élite des managers blancs du pays plutôt que d'engager des entraineurs moins chers qui s’avèrent être noirs. Des joueurs bien connus et devenus entraineurs, tels que Lula Pereira et Claudio Adao ont bénéficié de moins d'opportunités que des collègues blancs ayant des qualifications semblables au cours des 20 dernières années.

Andrade a remporté quatre championnats en tant que joueur avec le Flamengo – plus que n'importe lequel des entraineurs actuels de première division. Mais sa modestie personnelle a limité sa participation aux activités en dehors du terrain comme des conférences et des apparitions dans les médias qui ont attiré beaucoup de ses contemporains. Au Brésil, l'autopromotion semble être devenue aussi importante que la préparation de l'équipe.

Un coup d’œil aux équipes Brésiliennes en Coupe du Monde renforce cette impression. Aucun des joueurs noirs de la Coupe du Monde 1970 ne s’est taillé une carrière de grand entraineur, malgré les incursions du capitaine de cette équipe, Carlos Alberto Torres dans le management. La barre pouvant être atteinte par les entraineurs noirs au Brésil reflète également les attitudes des directeurs des clubs de football du pays, qui sont blancs dans une majorité écrasante.

Sans surprise, l'un des entraineurs brésiliens noirs ayant obtenu le plus de succès a dû quitter le pays pour vivre la réussite. Didi, la star de Botafogo et des équipes brésilienne de 1958 et de 1962, a conduit le Pérou en quarts de finale de la Coupe du Monde 1970 en tant qu'entraineur.

En réalité, peu de choses semblent avoir changé depuis l'époque de Gentil Cardoso, il y a un demi-siècle. Tout en étant le premier entraineur noir d'un club important,  Cardoso fut l'entraineur qui avait fait signer Garrincha à Botafogo. Sa réussite signifia  qu’il allait bénéficier d’une période à la tête de l’équipe nationale en 1959.

50 ans plus tard, le Brésil a un entraineur national blanc, Dunga, nommé sans aucune expérience précédente. Carlos Alberto Parreira l'un des entraineurs blancs de l'élite, est le Brésilien en charge de l'équipe d’Afrique du Sud pour la Coupe du Monde 2010. Malgré le succès d'Andrade, on pourrait encore attendre longtemps avant que des entraineurs noirs ne percent dans l'apartheid qui règne dans le football brésilien.

Robert Shaw - When Saturday Comes

Traduit de l’Anglais par Guy Everard Mbarga


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