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Afrodescendants d'Amérique Latine et des Caraibes
14 octobre 2009

Guadeloupe : À 91 ans, Madame Jeanne savoure les fruits d'une vie de travail

MYRIAM CAWSTON / NATHALIE CALIMIA-DINANE France-Antilles Guadeloupe 13.10.2009

cuisine

Madame Jeanne a une histoire belle comme un conte de fées : partie de rien, elle gravit pas à pas l'échelle du succès pour se trouver, à 91 ans, au sommet de son art. Dès l'âge de 18 ans, Carmélite Martial travaille dans le restaurant de sa mère.

Après son mariage avec Paul-Eluard Jeanne en 1941, elle ouvre sa première boutique : « C'était un tout petit lolo, où je faisais un peu de repas, se souvient-elle. Il y avait des acras de malaga, carotte, igname... mais on n'arrivait pas à avoir de morue, à l'époque » ! Pour arrondir les fins de mois, Madame Jeanne n'hésite pas à se rendre à pied du Gosier à Pointe-à-Pitre. « Le poisson de mon oncle, je le vendais à 1 franc le kilo » , rigole-t-elle. Avant d'ajouter, pudique, que « c'était bien, mais il c'était un peu la misère » .

Des anecdotes, elle en a par centaines, comme celle de la vente du charbon : « il fallait se lever à 4 heures, pour partir avec la charrette à boeufs du voisin » ! Car quelles qu'aient été les épreuves, Madame Jeanne n'a jamais baissé le bras. Selon ses propres dires, « avec mon mari, on a bien travaillé » Ce n'est pas dur de la croire, lorsqu'on la voie mimer le concassage des carapates avec un grand pilon, pour produire de l'huile. « Je la mettais en bouteille, et les gens me l'achetaient à crédit. »

La voix de l'expérience

Au bout de quelques années, elle réussit à s'acheter une boutique d'alimentation, sur la rue principale. Mais entre deux séances de travail acharné, Madame Jeanne n'a pas oublié de s'amuser : « il y avait une grande salle au dessus. Je faisais partie de l'Association des cuisinières, alors je les invitais pour faire de la danse folklorique. » C'est finalement en 1983 qu'elle fait construire son restaurant, La nouvelle table créole. Au fil du temps, une dizaine de bungalows sont venus s'ajouter pour former un complexe hôtelier.

Heureusement que sa belle-fille Christine est là pour compléter le récit, car Madame Jeanne est modeste. Elle oublierait de mentionner ses nombreux voyages à l'étranger et les décorations reçues des ministres... « Je suis allée quatre fois au Canada, j'ai vu les chutes Victoria. » Mais son meilleur souvenir reste celui de la foire de Paris : « on m'a payé un billet, et je suis allée faire la cuisine dans les salons » . Une reconnaissance qui lui a permis de cuisiner pour les plus grands, dont Jacques Chirac. Et malgré une vie si remplie, elle a quand même trouvé le temps donner naissance à... huit fils! Qui lui ont apporté plus de quarante petits - enfants.

Et maintenant, de quoi rêve-t-elle, Madame Jeanne ? « De cuisiner. Si je suis encore là, c'est que j'aime ça! » . Son secret ? La patience. « Les jeunes, je les prends en stage, je leur apprends. » Mais certains veulent griller les étapes : « il y en a qui me disent qu'ils savent déjà tout, qu'il faut les laisser faire... Pour réussir, il faut savoir écouter l'expérience. »

- Posez, ça tourne!

Célèbres les Cuisinières de Guadeloupe! Vêtues de leur costume traditionnel, elles ont récemment reçu chez Madame Jeanne, les journalistes germanophones, en visite dans la Caraïbe. Les hommes des chaînes de télévisions ORF, TWI, Bayern Alpha et 3Sat, d'origine autrichienne, allemande et suisse ont braqué leurs caméras sur la plus ancienne et célèbre association traditionnelle du pays. Mérita Félix, la présidente, a invité quelques membres à défiler devant les journalistes en expliquant le moindre détail de la tenue et son origine. De la coiffe aux bijoux en passant par la « wob a kò » et le tablier brodé de leur logo. Elles avaient préparé une dégustation de petits bokits fourrés et de boissons typiques... L'histoire des cuisinières est en boîte, ainsi que tous les sites qui ont trait à la tradition (cuisine, danses et musiques, patrimoine architectural). Et même notre célèbre Chevalier Saint-Georges.

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