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Afrodescendants d'Amérique Latine et des Caraibes
17 mai 2009

Ulises de la Cruz, héros bienfaiteur des afroéquatoriens de Piquiucho

Par Sarah Sturdey
02 Mar 2009

Même si le défenseur de Reading,  Ulises de la Cruz vit à  7000 miles de son lieu de naissance, il n'a pas oublié ses racines. Il a grandi dans la Vallée du Chota en Équateur et dépense ses revenus en reconstruisant cette communauté appauvrie.

Le village poussiéreux et délabré de Piquiucho est perché sur le côté de l’autoroute Pan-Américaine niché en hauteur dans les Andes, à environ trois heures de voiture au nord de Quito, vers la frontière colombienne.

Les 700 villageois AfroÉquatoriens vivent dans la pauvreté. La communauté noire de l’Équateur descend des esclaves et représente environ 6% de la population. Pourtant, la moitié de l’équipe nationale lors de la Coupe du Monde en 2002 et en 2006 venait de cette communauté qui est comme un petit morceau d’Afrique.

De la Cruz gagne environ 600 000 Livres Sterlings par an, une belle somme, mais qui reste en dessous de la moyenne des salaires en Premier League. Il vit dans un appartement modeste de Reading et possède également une maison jumelée à Birmingham, datant de l’époque où il jouait à Aston Villa.

Plusieurs fois par semaine il renvoie de l'argent au village de son enfance. Il se souvient du travail routinier  et fatigant que constituait le fait de devoir porter de l'eau du Rio Chota lorsqu’il était petit garçon. Après que l'Équateur ait atteint la phase finale de la Coupe du Monde pour la première fois en 2002, il a dépensé ses récompenses financières, non pas pour des voitures rapides ou pour une grande nouvelle maison. Il les a plutôt consacrées à la construction d’un système d’approvisionnement en eau fraiche, avec 18 kilomètres de tuyaux et un système de traitement des eaux pour Piquiucho.

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Il a utilisé  l'argent gagné suite à la participation de l'Équateur à la Coupe du Monde en Allemagne l'été dernier- qui s’est terminée par une défaite 0-1 contre l’ Angleterre en huitième de finale -  pour construire un centre sportif et communautaire  les Andes en toile de fond. Il espère pouvoir retourner plus tard dans l’année pour son ouverture officielle.

Au cours des six dernières saisons, au cours desquelles il a joué pour Hibernian, Villa et actuellement Reading, il a envoyé des centaines de milliers de Livres (Sterlings) aux 200 familles du village. Il a déjà remis un centre médical sur pied, dont il paie le docteur, le dentiste et l’infirmière.

Sur un poster affiché dans la Clinique, il sourit et porte l’équipement d’Aston Villa. Un mur est couvert avec des coupures de presse du héros local. Mais avec une fille de deux ans en Angleterre, l'éducation reste sa priorité.

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"Je veux offrir des opportunités aux enfants de Piquiucho bien au-delà du terrain de football," dit-il. "Actuellement, ils n'ont rien. Je veux montrer qu'en étudiant ils peuvent s'aider eux-mêmes à échapper à la pauvreté. Le football n'est pas le seul moyen."

L’homme de 32 ans paie le petit déjeuner et le déjeuner de 100 élèves chaque jour. Il a fourni des centaines de livres et financé un nouveau toit pour l’école, un terrain de jeu  et une crèche. Sa mère, Edita, le tient informé des besoins d’argent par secteur, et ils ont embauché quelqu'un pour diriger  la 'Ulises de la Cruz Foundation'. "Les sports et le centre communautaire c’est pour l’avenir ", déclare Edita.

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Il projette pour la suite de construire 40 maisons. "À la fin de la saison,  il ne fonce pas vers les plages, il va plutôt voir comment sa Fondation marche. " Jorbita Borja vit avec sa famille élargie de 12 personnes dans une baraque improvisée de deux pièces. 

"Ulises fait le travail du gouvernement. Nous avons maintenant de l’eau courante, mes cinq enfants n’attrapent plus des maladies fongiques à cause de l'eau sale, mais ça reste difficile. Mon mari gagne environ 5 dollars (£2.50) par jour en travaillant dans les champs. Nous sommes extrêmement reconnaissants à Ulises, mais le gouvernement nous a ignorés,"dit-elle.

" La ministre du tourisme du gouvernement, Maria Isabel Salvador, est consciente que De la Cruz conscient et ses coéquipiers ont mis la nation sur la carte. "L'équipe a aidé à améliorer l'amour propre du pays, après une crise morale et politique qui a duré plus de 20 ans. Ils ont constitué un grand capital pour le pays. Mais depuis qu’ils sont arrivés ici, les Afroéquatoriens ont été négligés. "

Dans un pays où la pauvreté touche  70% de la population, les gens espèrent des réformes sociales du nouveau Président, le septième en 10 ans. Rafael Correa a promis d’immenses changements pour les pauvres.

Le meilleur ami de De la Cruz c’est Agustin Delgado, qui a joué dans le passé  à Southampton. Ils ont grandi ensemble. Il y a six ans Delgado, qui joue désormais en Équateur a mis sur pied  une académie de football à Juncal, un village voisin de Piquiucho. Chaque matin 250 élèves doivent étudier avant de jouer au football l'après-midi. Avec les tee-shirts enveloppant leurs têtes pour les protéger du soleil, ils se pratiquent sur les terrains vagues. La terre est dure et caillouteuse, mais c’est justement pour cette raison que le directeur technique, Jose Carcelan, croit que les joueurs ont plus de volonté. "C'est non seulement du football," dit-il. "Il s'agit de les faire grandir en tant qu’individus, qu’ils apprennent à la dure. Ils sont plus déterminés. Onze anciens élèves jouent pour deux des équipes équatoriennes les plus importantes."

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Exceptionnellement, il y a plus des footballeurs internationaux par kilomètre carré nés dans la Vallée Chota que nulle part ailleurs au monde. Eric Manasse, un agent de football basé aux États-Unis a été le premier à mettre joueurs équatoriens sur la vitrine internationale. Il affirme que "le fait de grandir et de jouer en "altitude les a vraiment aidé. Surtout quand l’Équateur a besoin de se qualifier Coupe du Monde et qu’ils jouent à domicile."

De La Cruz a juste fait quelques apparitions avec Reading, depuis qu’il les a rejoint en Août, et bien qu'il soit prévu qu’il joue face à Manchester United pour la FA Cup ce samedi, il sait que le temps est court dans le foot de haut niveau. Mais il est satisfait : "Quand j’arrêterais le football j'aurai laissé un héritage  pour les gens de Piquiucho. Ils se rendront compte, en étudiant, que leurs rêves peuvent se réaliser et qu’ils peuvent laisser la pauvreté derrière eux."

Sarah Sturdey est une reporter de la BBC

Traduit de l’Anglais par Guy Everard Mbarga

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