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Afrodescendants d'Amérique Latine et des Caraibes
3 juillet 2008

L'histoire de l’Universal Negro Improvement Association de Limón, Costa Rica

Black Star Line, Puerto Limón, Costa Rica

Source : Limón Roots

Traduit de l'Anglais par Guy everard Mbarga

En 1999, on fêtait les 80 ans de la fondation de la Division Limón de

l’UNIA.

À cette occasion étaient publiés des extraits d’une enquête réalisée

par le journaliste Yazmin Ross avec le soutien de l’Organisation des

États Américains (OEA).

Les données présentées dans ce numéro spécial sont le résultat de

nombreux témoignages et entrevues de membres de la communauté,

de matériel documentaire, de livres, de correspondance de la United

Fruit, de la presse du Costa Rica et de New York, particulièrement

le Negro World, organe de diffusion du mouvement.

Beaucoup s’en souviennent comme d’un club social, un salon de danse

ou comme d’une société fraternelle, un endroit où ils apprirent à écrire

l’anglais ou à jouer un instrument quelconque. D’autres ont travaillé

avec ardeur pour sa reconstruction. Très peu de personnes connaissent

l’histoire qu’elle renferme.

The Yarmouth-  Flagship of the Black Star Line

The Yarmouth, Flagship of the Black Star Line

Un salon multi usage  dont presque personne ne connait le nom original

(Liberty Hall), le Black Star Line a été le théâtre des grands événements,

siège de réunions, de débats, de concours oratoires, de programmes de

charité et de défilé de vedettes de la radio.

Fondé en 1922 et déclaré patrimoine national en 1988, le Black’s est

tout un symbole culturel et historique de la communauté afro-costaricaine.

Son origine remonte à 80 années plus tôt lorsque Marcus Garvey,

fondateur du premier mouvement noir de masses de ce siècle

recommanda la création de filiales de l’Universal Negro Improvement

Association (UNIA)

dans la province de Limon.

Le nom Black Star Line, Ligne de la Estrella Negra provient en réalité

de la compagnie de bateaux à vapeurs créée par le leader jamaïcain avec

pour but de rapatrier les noirs vers leur continent d’origine, de réaliser la

proposition ‘‘Back to Africa’’, une idée qui prendrait forme par le biais

de la musique et de nombreuses manifestations artistiques, comme une

mystique et une source permanente d’inspiration.

Considéré comme l’un des bâtisseurs du nationalisme noir et du

panafricanisme, avant Martin Luther King et Malcom X, Marcus

Garvey a eu une grande influence sur les populations afroaméricaines

des États-Unis, de l’Amérique, de la Caraïbe et des colonies africaines

encore à cette époque sous la domination européenne.

Établi à Harlem, le quartier noir le plus célèbre au monde, Marcus

Garvey lança un ambitieux projet de revendications sociales et

économiques inspirées de l’autosuffisance, le dépassement

racial et le capitalisme noir. 

Un bateau, une odyssée

Même si la ligne de bateau à vapeur a eu une vie courte (1919-1922)

incendia l’imagination de milliers de disciples sur un phénomène de

propagande à grande échelle unique et extraordinaire à une époque

durant laquelle on ne disposait pas de médias de communication de

masse.

En avril 1920, un de ses navires s »arrêta au port de Limon. Il s’agissait

du Yarmouth, un vieux bateau de fabrication écossaise de 1452 tonnes,

rebaptisé Frederik Douglass en mémoire du premier héros antiesclavagiste

des États-Unis, avec pour capitaine

Joshua Cockburn.

La nouveauté d’un navire conduit par des marins noirs et acheté par des

actionnaires noirs lui donna une valeur symbolique qui a prévalu dans la

mémoire des habitants de Limon jusqu’à présent.

De partout dans la province de Limon arrivèrent des habitants pour lui

souhaiter la bienvenue à bord de barques, de chaloupes de pêche. Les

gens entraient par les écoutilles chargés de fruits et de viandes. ‘‘On

nous recevait comme des héros conquérants’’, écrivit Hugh Mulzac,

second à bord  dans ‘‘Mémorias de un capitàn del Black Star Line’’ (

Mémoires d’un capitaine du Black Star Line).

La Estrella Negra mettra à flot deux autres navires : le Shaddyside,

un canot d’excursion qui coulera dans le fleuve Hudson, surpris par

une tempête de neige et le yacht à vapeur Kanawha dans lequel

Marcus Garvey réalisera une partie de son tour de la Caraïbe et

de la Côte Centre Américaine en 1921.

Il arrive à Limón le 14 avril 1921 pour une visite de quatre jours

qui provoqua des manifestations d’euphorie et mobilisa la

population noire comme jamais plus cela n’arrivera. Les gens

s’entassèrent sur le quai, dans le stade de football, tout au long

de la ligne de train : De Limón à Bocas del Toro et de Limón à

San José, pour voir cet homme au visage menu et à la voix

convaincante qui les incitait à participer à un rêve collectif.

Le gouvernement du Costa Rica, qui en 1919 confisqua plus

de 5000 copies de son journal Negro World  et avait interdit

sa circulation le reçut comme un homme d’état. La tribuna

et Diario de Costa Rica couvrent amplement sa visite et font

même référence à la visite précédente du Jamaïcain à Limón

en 1910, lorsqu’il travailla en tant que contrôleur des d’horaires

dans une bananeraie et comme journaliste à The Nation, un

hebdomadaire édité en anglais.

La United Fruit met à sa disposition des trains et accorde toutes

les facilités pour son déplacement et le transfert de travailleurs à

Limon, en échange d’un report de la rencontre massive organisée

par Marcus Garvey et prévu quelques jours plus tard, afin de

terminer le chargement des fruits. Poursuivi par le Bureau of

Investigation et accusé de fraude, le gouvernement des États-Unis

fit tout son possible pour l’arrêter. L’inexpérience et la mauvaise

gestion feront le reste : liquider les épargnes de 40 000 actionnaires

de la compagnie de navigation.

‘‘ Les gens possèdent encre des actions. Des parents de ceux

qui ont le bon ou parce que la petite vieille est morte, ils

les emmenaient en cherchant un nom pour en souscrire

un autre: Black Star Line. Dix, vingt, cent dollars.

C’est une bonne chose, mais nous ne sommes pas responsables

de cela ici. La compagnie s’est effondrée. Ici c’est une

association, ce n’est pas un navire’’, indique Alfred Henry,

le président actuel.

Récemment, lors d’un concours organisé par Radio Casino

sont arrivées trois personnes qui possédaient encore des actions

de la compagnie de navigation : Robertina Horman Horman,

Gladwin Stewart et Mabel Adina. Leurs parents

les avaient achetées et laissées en héritage familial.

LE BLACK’S ET SON IMPORTANCE À LIMON

Mais l’histoire du Black’s ne se résume pas à la navigation.

Construit en 1922, l’édifice de bois fut érigé par l’ensemble de

la communauté sous la direction technique de Daniel Roberts,

un architecte diplômé en Jamaïque, entrepreneur de la United

Fruit Company et premier président de la Limon Branch de l’UNIA.

Les parents et les grands-parents de l’actuelle génération d’afro

costaricains participèrent en amenant du sable de Baños, rabotant

le bois de pin, en fixant le plafond, donnant des heures de travail.

Pendant les années 20 et 30, ce fut le siège de défilés des légionnaires,

du corps de motoporp, des infirmières de la Cruz Negra (Croix

Nègre) et des boys scouts, des divisions créées par Marcus

Garvey et l’église Orthodoxe Africaine en pensant à l’objectif de

fonder une grande nation. Le Yuenaei fonctionnait avec

‘‘ beaucoup de protocole, ses défilés dans les rues de

Limon étaient fastueux et demandaient des mois de préparation

en confection d’uniformes’’, se souvient la professeure Iris Morgan.

Lieu de pratiques des ensembles musicaux, centre de graduation

des écoles et des collèges, avec le temps, il fut transformé en salon

de danse : ‘j’ai laissé mon nombril au Black’s’’, ‘‘ C’est là

que je suis tombé amoureux ’’, ‘‘ c’est là que mes parents

se sont mariés’’. Tous les habitants de Limón ont une anecdote

à raconter sur cet édifice.

Au cours des trois dernières années, il est redevenu le moteur

de la vie sociale de Limon centre, dans lequel tout change

vertigineusement et où l’Afrique est présente dans l’esprit, dans

l’évocation, dans les vêtements que portent fièrement les femmes

et les hommes qui revalorisent, exhibent et enrichissent leur origine.

Dates importantes

1919 : Fondation de la Division Limón de l’Universal Negro

Improvement Association qui célèbre ses réunions dans

une maison à Jamaïca Town. À l’origine, la Limón Branch

était la Division 110 de l’UNIA, selon ce qui est consigné

dans le Negro World, le journal édité par Marcus Garvey à

Harlem et à partir duquel étaient coordonnées les filiales du

mouvement sur toute la côte Atlantique de l’Amérique, des

Îles de la Caraïbes, de l’Afrique et des États-Unis. Avec le

temps, et dans des circonstances inconnues, elle est devenue

la Division 300.

À Limon, il y eut un peu plus de 200 filiales du Negro

Improvement disséminées dans les pueblos par lesquels

passaient la ligne, selon l’historien Rupert Lewis de la

Jamaïque, auteur antre autre de Garvey, Paladin

anticolonialista (Garvey, Paladin anticolonialiste).

Avril 1920 : Le Frederick Douglas, premier navire acquis

par la compagnie de vapeurs Black Star Line débarque …

à puerto Limón, sous la conduite du capitaine Joshua

Cockburn et la vice-présidente de la ligne de vapeurs Black

Star Line, Henrietta Vinton Davis. Des concentrations publiques

se tiennent sur le quai et à la gare de l’Atlàntico.

14 Avril 1921 : Marcus Garvey réalise une tournée promotionnelle

dans les Antilles, incluant le Panama, Limon et Belize sur la côte

centre américaine. Il est reçu comme un homme d’État par le

président, à l’époque Julian Acosta, leader de la révolution de

Sapoa qui renversa les frères Tinoco. La rencontre était organisée

par le gérant de la United Fruit Company, G.P. Chittenden.

14 décembre 1922 : La Division Limon de l’Universal Negro

Improvement Association est formellement enregistrée devant

les lois costaricaines. Autorisée pour une période de 99 ans

en tant que société fraternelle, elle se fixe les propositions suivantse :

-          Promouvoir l’avancement de la race noire quelque

soit sa nationalité, et contribuer à l’amélioration de la condition

du noir,

-          Promouvoir les sentiments de charité, d’amour, de fierté,

-          Promouvoir l’éducation et le divertissement par des réunions

instructives et récréatives,  secourir en cas de maladie ou

d’empêchement pour le travail en cas de décès, venir en

aide pour les dépenses funéraires et d’enterrement.

LES FONDATEURS

Téofilo Horace Fowler, cordonnier (marchand de chaussure)

originaire de la Jamaïque, premier agent de la Black Star Line

et du Negro World à Limon.

Daniel Roberts, constructeur au service de la United Fruit et

Présidente de la Limon Branch dans les années 20. Elle dirigea

les œuvres de construction du siège de l’UNIA.

Charles Bryant, secrétaire de la Société des Artisans et

Travailleurs et Haut Commissaire de l’UNIA pour le Costa

Rica, le Nicaragua et le Panama.

Beatriz Franklin fut la première présidente du Lady’s department.

Elle faisait la promotion des activités culturelles, de concours oratoire,

de dissertation sur les racines nègres. Dès le départ, le mouvement

attira de nombreuses femmes qui participèrent aux activités.

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