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Afrodescendants d'Amérique Latine et des Caraibes
2 janvier 2008

Éducation : L’histoire afro-brésilienne reste peu enseignée dans les écoles

La Loi de 2003 qui inclut la promotion de l’égalité raciale dans le curriculum obligatoire de l’enseignement de base a été oubliée.

Simone Iwasso

Traduction de Guy Everard Mbarga

En janvier 2003, le gouvernement fédéral a approuvé une loi, la 10.639 qui rend obligatoire l’enseignement de l’Histoire et de la Culture Afro-brésilienne dans le curriculum de l’éducation de base dans le public et le privé. À l’époque, les organisations qui défendaient la promotion de l’égalité raciale avaient célébré cet événement. Quatre ans ont passé et ces mêmes organisations manifestent à présent leur préoccupation et montrent un certain pessimisme. La raison étant que en dehors de quelques exceptions éparses dans le pays, les élèves dans les écoles n’apprennent toujours pas les notions d’histoire et encore moins sur l’influence de la culture emmenée d’Afrique au Brésil.

Une enquête réalisée par Ação Educativa (Action Éducative) en partenariat avec des organisations démontre que, même s’ils n’ont pas reçu le contenu visé par la loi sur le thème - 47% des étudiants affirment vouloir apprendre l’histoire de l’Afrique. Lorsqu’on leur pose la question, ils manifestent des perceptions assez différentes sur l’existence ou non du racisme, mais ils réalisent l’importance du travail en faveur d’une égalité raciale effective.

Cependant, quand on écoute les enseignants, ils mettent un avant deux problèmes: 96% d’entre eux affirment vouloir enseigner ces contenus en classe, considérant que le thème est très important, mais ils disent qu’ils ne sont pas préparés, puisque l’histoire et la culture afrobrésiliennes ne font pas partie de la formation traditionnelle des professeurs. Le thème ne fait pas encore partie des cours offerts par les secrétariats et concernant le matériel didactique, son offre est encore insuffisante à l’école – malgré l’existence d’un matériel diversifié disponible sur le marché éditorial.

Les directeurs et les coordinateurs manifestent également leur intérêt: 37% d’entre eux déclarent que l’étude de l’histoire africaine est importante pour la compréhension de l’histoire même du Brésil.

“Concernant l’application  de la loi, l’enquête a confirmé ce à quoi on s’attendait, à savoir le manque d’initiative pour une véritable application. Ce qui nous a surpris c’est l’expectative que démontrent les enfants pour apprendre à ce sujet”, indique Analu Souza, consultante lors de l’enquête. “Malheureusement, beaucoup de choses d’origines africaines sont encore vues sous l’angle du préjugé : les masques qui sont un art associé aux démons, les manifestations religieuses mal vues. Et les élèves veulent mieux comprendre cela.”, affirme-t-elle, en se lamentant du fait que la loi est restée sur le papier.

Alexandre Battibugli

Le Ministère de l’Éducation(MEC) est conscient du problème, mais ses actions sont perçues comme peu efficientes par les organisations. Le mois dernier, Le Secrétariat de l’Éducation Continue, de l’Alphabétisation et la Diversité ( Secretaria de Educação Continuada, Alfabetização e Diversidade) a réalisé avec l’Organisation  des Nations Unies pour l’Éducation, la Sciences et la Culture (Unesco) un atelier pour élaborer des stratégies. Un document d’orientations pour les réseaux d’enseignement doit être bientôt publié.

L’enquête a été réalisée entre août 2005 et juillet 2006. 492 personnes furent interrogées, parmi lesquelles des élèves, des professeurs et des parents de 15 écoles de l’éducation infantile et de l’enseignement fondamental (de base) des villes de São Paulo, Belo Horizonte et de Salvador.
Le travail a été effectué en partenariat avec Instituto C&A, le Centro de Estudos das Relações de Trabalho e Desigualdades (Ceert) et Educação e Profissionalização para a Igualdade Racial (Ceafro).

INITIATIVES


Bien que l’enquête démontre l’absence de l’application générale, elle a réussi à identifier la manière dont surgissent les bonnes pratiques dans le domaine : dans  72% des cas, l’idée vient de l’enseignant lui même. C’est lui qui donne le cours ou acquiert le matériel à son propre compte et commence à créer des programmes avec ses élèves - soit par le biais du théâtre, de livres d’histoire, de discussions de groupe.

De plus, des données du Centre d’Études des Relations de Travail et des Inégalités (Centro de Estudos das Relações de Trabalho e Desigualdades , Ceert) qui organise annuellement un concours pour les professeurs présentant les meilleurs travaux dans le domaine, démontre qu’il existe une proportion égale de professeurs blancs et  noirs qui s’adonnent à la promotion de projets sur l’égalité raciale.

Ils réussissent ainsi tout seuls à aboutir à l’esprit de la loi : privilégier l’étude de l’histoire de l’Afrique et des africains, la trajectoire des noirs au Brésil, la culture noire brésilienne et les noirs dans la formation de la société. Tout cela, en plus de l’enseignement de la littérature par exemple ou de l’histoire.

“Les enfants arrivent à l’école en connaissant Branca de Neve, la Bela Adormecida, mais ils ne connaissent aucun personnage noire”, raconte Fátima Graminha, professeure de l’enseignement infantile du CEU Aricanduva, dans la région est de São Paulo. En compagnie d’une autre enseignante, elle a mis en place un projet qui travaille sur l’égalité raciale avec ses élèves.
Leur initiative a remporté un prix l’an dernier.

Elle raconte qu’après des histoires, des dessins et des discussions avec les enfants, elles ont commencé à changer leurs comportements (des élèves).

“La majorité des élèves de ma classe sont noirs. Mais, entre eux, quand ils se disputent, ils s’insultent macaques, sans être conscients de ce qu’ils disent, ils répètent ce qu’ils entendent par ci par là”, dit-elle. Un autre fait que l’enseignante avait l’habitude de percevoir était le manque d’identité des enfants. “Vous leur demandez de faire un autoportrait, un dessin, et les filles se dessinaient en blondes, avec des cheveux lisses, et blanches”, raconte-t-elle.

Un autre grand problème qui touche principalement les enfants vivant dans les quartiers périphériques est celui des conflits religieux : “Beaucoup d’entre eux sont évangéliques ou vivent dans des quartiers où le nombre d’évangéliques est important. Ils entendent donc que l’umbanda ou le candomblé sont des manifestations du diable, on leur apprend à dénigrer les adeptes de la religion ”, indique l’enseignante.

Ce genre de message est également travaillé en salle de classe, pour que les enfants apprennent à respecter les diversités religieuses et les camarades de classe qui sont d’autres religions, en évitant les insultes et des manifestations de préjugé.

“Nous avons perçus tout cela et nous avons décidé de travailler à la sauvegarde de l’identité de ces enfants, de l’histoire familiale en racontant l’histoire des peuples qui sont venus d’Afrique au Brésil en tant qu’esclaves et la manière dont ils ont influencé notre culture ”, explique-t-elle.

FORMATION

Le Musée Afro Brasil situé au Parc Ibirapuera à São Paulo a constitué l’un des points d’appui – et une source d’information – pour les professeurs. Les deux enseignantes ont participé à une formation offerte par l’institution aux Professeurs. “L’enfant noir ne fréquente pas encore la même école que l’enfant blanc, et c’est seulement avec l’information que l’on améliorera cette situation”, indique Ana Lúcia Lopes, coordinatrice du Cercle Éducatif du musée.

La demande pour le cours, selon elle a été grande, attirant des professeurs de divers secteurs municipaux de l’intérieur. “Les modules sont séparés: histoire, culture, religion, technologie, et durent toute l’année en utilisant comme base une grande partie du matériel appartenant au musée”, dit-elle. Le cours cherche des partenaires pour pouvoir être offert l’année prochaine.

En plus de cela, le cercle a produit un matériel didactique, vendu dans certains réseaux, autant pour l’usage des enseignants que celui des élèves. “
Ici, nous avons toute l’histoire du noir au Brésil. Nous montrons l’esclavage, la contribution technologique des esclaves africains, les manifestations religieuses, et certaines personnalités, dit-elle. L’objectif final, selon elle est de démythifier l’idée qu’il n ya pas de racisme, et à partir de l’acceptation de sa présence commencer à le combattre.

http://txt.estado.com.br/editorias/2007/12/23/ger-1.93.7.20071223.3.1.xml 

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