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Afrodescendants d'Amérique Latine et des Caraibes
27 décembre 2007

Carolina Maria de Jesus et Lélia Gonzalez, Afrobrésiliennes de caractère

Le racisme? C’est l’ensemble des idées basées sur la supposée existence d’une race supérieure.Carolina Maria de Jesus et Lélia Gonzalez ont vaincu, chacune à sa manière cette question.

Carolina par le biais de son œuvre majeure, Quarto de Despejo. Un Livre qui révèle les blessures, les préjudices et les discriminations soufferts par l’auteure parce qu’elle était noire et pauvre. Elle a commencé à consigner son quotidien d’habitante de favela dans un livret trouvé dans les ordures. Sous la forme d’un journal intime, le livre est devenu un important témoignage, par le biais d’une dénonciation sociopolitique d’une culture hégémonique qui exclut ceux qui sont différents. "J’ai nourris, éduqué et aimé mes trois enfants. J’ai fouillé le papier, j’ai inspecté les ordures. C’est également le papier qui m’a donné à manger grâce à l’écriture", disait-elle une fois.

Lélia par sa combativité. En 1978 plusieurs mouvements se sont retrouvés autour du débat sur l’action à mener le 13 mai. Le jour anniversaire  de l’abolition de l’esclavage. Alors qu’on était encore en plein régime militaire, le mouvement suggérait comme principale bannière la lutte contre la discrimination raciale. Malgré la dictature,  la confluence de certains débats et l’organisation de certains groupes permirent la fondation, le 18 juin 1978, du Mouvement Unifié contre la Discrimination Raciale. C’est seulement en décembre 1979 qu’il deviendra le Mouvement Noir Unifié (MNU), nom qu’il conserve jusqu’à présent. Lélia fut l’une des fondatrices du MNU et consacra sa carrière académique à l’étude des relations raciales au Brésil. "La politique et la théorie doivent se rencontrer, c’est pour cela que j’ai posé ma candidature aux charges électives. Je suis noire et femme, et cela ne signifie pas que je suis la mulâtresse savoureuse, la domestique esclave ou la mère noire au bon Coeur", indiqua-t-elle une fois.

Carolina Maria de Jesus (1914-1977) ILUSTRAÇÕES: ÉLCIO TORRES

Elle est née à l’intérieur de l’État de Minas Gerais, à Sacramento, le 14 mars 1914. Issue d’une famille extrêmement pauvre, elle avait plus de sept frères et a dû travailler très tôt pour soutenir le foyer.

Par conséquent, elle n’alla à l’école que jusqu’à la deuxième année du primaire. Dans les années 30, elle déménagea à São Paulo pour vivre dans la favela de Canindé. Elle gagnait son pain et celui de ses trois enfants en fouillant le papier. Dans les déchets, Carolina trouva un livret dans lequel elle commença à consigner son quotidien d’habitante de favela, sous la forme d’un journal intime. Découverte par le journaliste Audálio Dantas, reporter de la Folha da Noite, Carolina a vu ses annotations publiées en 1960 dans le livre Quarto de Despejo, qui s’est vendu à plus de 100 000 exemplaires.

L’œuvre fut traduite en 29 langues. En 1961, le livre fut adapté en une pièce de théâtre par Edi Lima et mis en scène au Théâtre Nídia Lícia la même année. Un film a également été produit par la télévision allemande qui a utilisé l’auteure comme actrice de Despertar de um Sonho (inédit au Brésil). En 1963, Carolina publia chez l’éditeur Áquila, le livre Pedaços da Fome, avec une présentation de Eduardo de Oliveira. En 1965, elle publiera Provérbios. En 1977, au cours d’une interview accordée à des journalistes français, Carolina livra ses notes biographiques dans lesquelles elle racontait son enfance et son adolescence. En 1982, le matériel fut publié à titre posthume en France et en Espagne, et lancé au Brésil en 1986 sous le titre Diário de Bitita, chez l’éditeur Nova Fronteira. Carolina fut l’une des seules brésiliennes incluses dans l’Anthologie des Écrivaines Noires publiée en 1980 par la Random House à New-York. Elle est également incluse dans le Dictionnaire Mondial des Femmes Notables, publié à Lisbonne par Lello & Irmão. Carolina est décédée à São Paulo le 13 février 1977.

Lélia Gonzalez (1935-1994)

ILUSTRAÇÕES: ÉLCIO TORRES

Née à Belo Horizonte en 1935, fille d’un cheminot et d’une femme d’origine indigène, Lélia Almeida González est partie à Rio de Janeiro dans les années 40. Professeure dans diverses universités et écoles importantes, sa dernière charge académique fut celle de Directrice du Département de Sociologie et de Politique de la Pontifícia Universidade Católica do Rio de Janeiro (PUC-Rio). Elle a consacré sa carrière académique à l’étude des relations raciales dans le pays, étant responsable de l’introduction du débat sur le racisme dans les universités brésiliennes. Entre 1976 et 1978, elle administra en tant que pionnière des cours sur la Culture Noire au Brésil à l’École des Arts Visuels au Parque Lage, un espace culturel important de Rio de Janeiro. En 1976, elle adhéra au Grêmio Recreativo de Arte Negra et à l’École de Samba Quilombo, ce qui illustre de sa quête de l’élimination de l’opposition entre la culture et l’action politique. O enredo da Quilombo, en 1978, fut écrit par Antônio Candeia Filho, en se basant sur le travail de Lélia et d’autres noms reconnus dans les études sur les noirs – le développé par l’école fut les 90 ans de l’abolition. Parmi les fondatrices du Mouvement Noir Unifié, elle participa à la création de l’Institut de Recherche des Cultures Noires (Instituto de Pesquisas das Culturas Negras,IPCN-RJ), du Nzinga Collectif des Femmes Noires ( Nzinga Coletivo de Mulheres Negras-RJ) et du Olodum-BA. Elle présenta sa candidature à la députation fédérale aux élections de 1982 pour le Parti des Travailleurs (PT) à Rio de Janeiro. Elle milita au PT entre 1981 et 1986.

La même année, elle s’affilia au Parti Démocratique Travailliste ( Partido Democrático Trabalhista, PDT), et se présenta aux élections pour la députation de l’État. Jusqu’au milieu des années 80, Lélia fut peut être la militante noire qui participa le plus aux séminaires et aux congrès à l’intérieur et à l’extérieur du Brésil. Ses contributions ayant eu le plus grand impact furent celles qui cherchèrent à articuler les questions de genre et de racisme. Un de ces textes emblématiques est Racismo e Sexismo na Cultura Brasileira (Racisme et sexisme dans la culture brésilienne). Lélia Gonzalez fut victime d’un infarctus le juillet 1994 à Rio de Janeiro.

Traduit du Portugais par Guy everard Mbarga

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