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Afrodescendants d'Amérique Latine et des Caraibes
26 décembre 2007

L'histoire des Afroargentins (I)

Traduction de Guy Everard Mbarga

Être Afrodescendant

Définir le concept d’"afrodescendant" n’est pas une tâche simple. Après des débats ardus autour des années 2003 et 2004 entre les représentants des organisations afro et les membres de l’INDEC, il a été déterminé que les aspects qui définissent une personne afrodescendante sont les suivants :


·Être descendant des africains emmenés en tant qu’esclaves en Argentine.

·Être africain ou descendant d’africain.

·Avoir des ancêtres noirs.

·Être ou se considérer comme noir ou afroargentin.

·Être africain dans la diaspora
 

Funeral en una iglesia. [Enterrement d'une femme negre]

Afroargentins, communauté invisible

La population noire en Argentine, issue de la traite des esclaves durant les siècles de la domination espagnole de la vice-royauté du Río de la Plata a joué un rôle important dans l’histoire argentine. Elle est allée jusqu’à former plus de la moitié de la population de certaines provinces durant les 18 ème et 19 ème siècles et a eu un impact profond sur la culture nationale. Même si elle a diminué en nombre de façon marquée tout au long du 19ème siècle, à cause de l’effet conjoint de l’afflux migratoire organisé par la Constitution de  1853 et le taux de mortalité élevé des morenos(bruns, sous entendu noir), son apparente disparition a plus été le résultat d’une représentation historiographique qui les donnait pour exterminés que d’une réalité empirique.

En 2006, un recensement pilote sur cette question, dans les quartiers de Monserrat à  Buenos Aires, et à Santa Rosa de Lima Santa Fe, a permis de vérifier que 5% de la population argentine sait qu’elle a des ancêtres originaires d’Afrique noire et qu’il y a 20% de personnes qui considèrent qu’elles pourraient en avoir, mais ne le savent pas à coup sûr.

Ce recensement vient en appui à l’étude du Centre de Génétique de Philosophie et de Lettres de l’Université de Buenos Aires qui a estimé que 4,3 % des habitants de Buenos Aires et de la banlieue  ont des marqueurs génétiques africains.

Histoire

Comme élément du processus de conquête, le régime économique des colonies européennes en Amérique développa différentes formes d’exploitation forcée du travail des natifs. Cependant, la faible densité de peuplement relative de certains des territoires américains, la résistance opposées par certains groupes aborigènes à l’acculturation et surtout le taux de mortalité élevé que la soumission, le type de travail et les maladies introduites par les européens provoquèrent sur la population native mènera les européens à compléter la main d’œuvre que cette population fournissait par des esclaves originaires d’Afrique subsaharienne.

Jusqu’à très loin dans le 19ème siècle, l’exploitation minière et l’agriculture constituèrent le gros de l’activité économique en Amérique. Une bonne partie de ce travail fut réalisé par une main d’œuvre en régime d’esclavage ou assimilé. Les africains offraient aux conquistadors l’avantage d’avoir déjà été exposés aux maladies européennes à cause de leur proximité (géographique) et en même temps d’être adaptés au climat des colonies.

L’entrée des esclaves africains a commencé dans les colonies du Río de la Plata en 1588, même si ces premières arrivées furent en grande partie l’œuvre de la contrebande, et le trafic prospéra à travers le port de Buenos Aires lorsque l’on concéda aux britanniques le privilège de faire entrer un quota d’esclave à travers ce port. Les rois d’Espagne España signaient, pour pourvoir en esclaves les Indes Orientales, des contrats d’ “ établissement” avec diverses compagnies, principalement portugaises et espagnoles. En 1713, l’Angleterre, victorieuse de la Guerre de Succession espagnole (la Guerra de Sucesión española) exerça le monopole de ce commerce. Le dernier établissement fut signé avec la Real Compañía de Filipinas en 1787. Jusqu’à la prohibition en 1784, les noirs étaient mesurés et par la suite marqués au fer.

En ce qui concerne leur provenance avant le 16ème siècle, il y avait eu un nombre relativement réduit d’esclave en provenance des îles du Cap Vert, mais la majorité des africains introduits en Argentine venaient des territoires de l’actuelle Angola, de la République Démocratique du Congo, de Guinée et de la République du Congo et appartenaient au groupe ethnique qui parle la famille des langues bantus. L’immigration des groupes yoruba et ewe introduits en grand nombre au Brésil fut réduite (en Argentine).



On estime que  60.000.000 d’africains furent emmenés en Amérique, parmi lesquels seuls 12.000.000 y arrivèrent vivant. Ils entraient par les ports de Buenos Aires, Montevideo, Valparaíso et Río de Janeiro.

Les esclaves étaient destinés aux travaux agricoles, l’élevage, au travail domestique et dans une moindre mesure à l’artisanat. Dans les zones urbaines, beaucoup d’esclaves développaient des activités artisanales pour la vente dont les intérêts étaient perçus par les patrons. Les quartiers San Telmo et Montserrat à Buenos Aires abritèrent un grand nombre de noirs, même si la majorité d’entre eux était destinée à l’intérieur du pays. Le recensement mené par Juan José de Vértiz et Salcedo en 1778 laissait apparaitre des résultats très élevés dans les provinces ayant une production agricole importante : 54% en la province de Santiago del Estero, 52% dans la province de Catamarca, 46% dans la province de Salta, 44% dans la province de Córdoba, 42% dans la province de Tucumán, 24% dans la province de Mendoza, 20% dans la province de La Rioja, 16% dans la province de San Juan,  13% dans la province de Jujuy, 9% dans la province de San Luis. Dans d’autres provinces, ils représentaient une partie importante de la population; un des quartiers situés au bas de la ville de Corrientes porte encore le nom de  Camba Cuá —du guaraní kamba kua, "refuge, tanière de noirs".

Quant à la ville de Buenos Aires, le même sondage chiffrait à 15.719 le nombre d’espagnols, à 1.288 celui des métisses et des indiens et à 7.268 celui des mulâtres et des noirs, tandis qu’en 1810, on comptait 22.793 blancs, 9.615 noirs et mulâtres et seulement 150 indigènes. La zone la plus densément peuplée de noirs était située dans le quartier de Montserrat, également appelé Barrio del Tambor (Quartier du Tambour), à quelques blocs de l’actuel Congrès de la Nation.

Les nations

Les noirs avaient l’habitude de se regrouper en sociétés qu’ils appelaient nation, parmi lesquelles Conga (de morenos), Cabunda, Africana argentina, Mozambique etc.


Leurs sièges avaient en commun le fait d’être des lieux ouverts aplanis artificiellement et sabler pour la danse; et d’autres étaient fermés avec un espace intérieur libre. Dans certains cas, les salles étaient recouverte d’un tapis et avait des rideaux grâce à la générosité d’un maître. La nation avait son roi et sa reine, (qui en réalité étaient élus démocratiquement et ne possédaient pas de cour) et disposaient d’un trône que l’on dressait dans le plus beau coin de la salle avec son drapeau, puisque chaque nation en possédait un.

Il y avait une estrade ou au moins un podium qui était utilisé entre autres choses pour recevoir les grands dignitaires, comme Juan Manuel de Rosas, épouse et fille comme on peut le voir sur un tableau de Martín Boneo. Des réunions et des danses étaient organisées au siège.

Les sociétés de noirs s’aggloméraient également dans les quartiers, comme celui de Mondongo ou del Tambor. Le premier (Mondongo) fut l’un des plus importants à Buenos Aires et était composé de 16 blocs dans le quartier de Monserrat. Son nom provenait du fait qu’ils en consommaient de grandes quantités que les vendeurs proposaient au cri de¡Mondongo, Mondongo! (Mondongo : les tripes). Quand au nom du deuxième quartier, Tambor, il était très commun qu’il y ait une ville ayant une nation qui portait ce nom, étant donné que le tambour était l’instrument préféré pour accompagner les danses et les chansons.


Des fois, les esclaves étaient achetés directement à l’extérieur par des particuliers par le biais d’un mandataire.
Une lettre envoyée de Rio de Janeiro disait par exemple

Citation:

Très cher Monsieur: je vous envoie par la goélette Ávila la petite négresse que vous m’avez demandé d’acheter ici. Elle a entre treize et quatorze ans, elle est née au Congo et s’appelle  María. Je vous signale que j’ai reçu les cinq cent pesos, le coût de l’achat. Un salut à vous. Affectueusement. 

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