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Afrodescendants d'Amérique Latine et des Caraibes
9 avril 2007

Afrodescendants des Caraïbes et tourisme sexuel

Jacqueline Sánchez Taylor

Édité et traduit de Sex Tourism in the Caribbean“, Jacqueline Sánchez Taylor: University of Leicester. Chapitre ‘Turismo, Viajes y Sexo’. Eds. Stephen Clift and Simon Carter (1999), Cassell.

Chica en la playa

La Jamaïque, la République Dominicaine et Cuba comme d’autres destinations de vacances sous développées économiquement, sont vendus comme des lieux culturellement différents et on en fait la promotion de telle sorte que  tous les touristes perçoivent cette   ‘différence’ comme un élément qu’ils ont le droit de consommer durant leurs vacances. La construction de la différence tourne autour d’idées telles que ‘naturel’ vs. ‘civilisé’, repos vs. Travail et exotique vs. mondain, riche vs. Pauvre, sexuel vs. répressif, pouvoir vs. Sans pouvoir.

Les touristes sexuels occidentaux, blancs, hommes ont voyagé dans ces pays du ‘Tiers-monde’ durant de nombreuses années et il n y a rien de nouveau dans ce contexte en ce qui a trait à l’exploitation sexuelle des femmes locales. De fait, il existe une longue histoire d’exploitation sexuelle des femmes durant l’époque coloniale, et les hommes occidentaux, durant très longtemps ont projeté leurs fantaisies touristiques sur l’Autre ‘primitif’/naturel. Mais la grande avancée du tourisme est en train de transformer ce genre de fantasme post-colonial en un produit de consommation de masse.

Les guides sexuels écrits par des hommes blancs occidentaux exploitent l’idée de la ‘différence’ pour justifier l’exploitation de femmes noires dans ces pays. Ils disent aux touristes que la prostitution n’a pas le même sens aux Caraïbes que la prostitution en Occident. Les guides sexuels disent que les femmes caribéennes ne sont pas vraiment des prostitués mais des ‘filles aimables’ [’nice’ girls] qui aiment profiter d’un bon moment. Un élément clé du tourisme sexuel est la chosification d’un ‘Autre’ sexualisé et racialisé. Bruce Cassier, auteur et touriste sexuel avoué dit : “Tu penses à ces femmes … incroyables, qui vont en couleur du chocolat blanc au chocolat noir, disponibles au moindre mouvement affirmatif de la tête ou d’un simple toucher du sombrero.” Le stéréotype raciste de la femme noire, exotique et érotique est une image également utilisée pour vendre le tourisme sexuel dans les pays comme la République Dominicaine et Cuba. La‘Noirceur’, et l’idéologie qui en est la base fait partie du produit que les touristes sexuels achètent.

Les touristes sexuels ne constituent pas un groupe homogène: Il peut s’agir de femmes ou d’hommes, noirs, asiatiques ou blancs, homosexuels ou hétérosexuels, de classe moyenne ou des ouvriers. En nombre, le groupe principal des touristes sexuels est constitué d’hommes occidentaux, blancs  et hétérosexuels. Cependant, il est important de reconnaître que même dans ce groupe, il y a une diversité en termes d’intérêts sexuels et d’attitudes dans l’usage de la prostitution. Même s’il faut reconnaître les différences parmi les touristes quant à leurs pratiques sexuelles, je souhaite tenter une suggestion selon laquelle le tourisme sexuel offre à eux tous les opportunités pour affirmer une identité particulière basée sur la race et le sexe (genre).

En ce qui concerne les touristes sexuels hommes et blancs, ils ne recherchent pas que le sexe  pas cher. Ils aiment aussi voyager dans les pays du ‘Tiers Monde’ car ils perçoivent que l’ordre approprié est restauré d’une certaine manière entre les genres (sexes) et entre les ‘races’. Les femmes et les filles sont prêtes à satisfaire leurs désirs, les noirs, hispaniques et asiatiques les servent, cirent leurs chaussures, nettoient leurs habitations et autres. Tout est dans l’ordre des choses.

Dans leur foyer, l’activisme politique noir et la politique féministe ont défié et miné le pouvoir non remis en question qui donnait un sentiment d’auto estime à certains hommes blancs en ce qui a trait à leur sexe (genre) et à leur identité raciale. Dans ce sens, les touristes sexuels trouvent que leur masculinité et leur pouvoir racial s’affirme d’une façon différente que dans leur pays. Par exemple, les touristes sexuels décrivaient la République Dominicaine comme ils le voulaient parce que, en tant qu’occidentaux blancs, ils étaient placés au sommet de la hiérarchie sociale, économique et raciale. Deux canadiens expliquaient que au Canada, le système de bien-être social public pénalisait les personnes qui travaillent dur comme eux alors qu’il récompense les noirs fainéants et sans emplois qui vivent aux dépens de l’État.

Pendant qu’on discutait, deux enfants de huit et de dix ans se sont approchés pour proposer de cirer des chaussures. On se trouvait dans un bar et il était minuit passé, et malgré cela, ces gamins marchaient pieds nus à la recherche de chaussures de touristes à cirer pour obtenir un peu d’argent pour leurs familles. Un des touristes sexuels indiqua alors : “Au Canada, ces enfants seraient assis devant le téléviseur à regarder le câble. Leurs parents seraient au bien-être Social, et toute la famille serait devant la télé. Je le sais. Je travaille dans l’immobilier, et je vois comment ces gens vivent. Ils ne veulent pas travailler. Ils trouvent leur aide seulement dans le bien-être social, et c’est au frais du  contribuable.” Comme beaucoup d’autres touristes sexuels, ces hommes étaient vexés car les noirs au Canada profitent d’à peine quelques droits basiques et ils préféreraient voir les femmes et les enfants se prostituer plutôt que de “pomper” l’État. “Au moins eux, ils apportent quelque chose,” observèrent-ils.

Mais les touristes sexuels peuvent également exprimer des formes plus subtiles de racisme. Certains veulent également croire qu’ils sont en train d’inverser les ‘relations raciales’ hostiles existant dans leur propre pays en se mélangeant aux noirs à Cuba et en République Dominicaine. Leurs relations sexuelles avec des prostitués deviennent en partie une façon d’apprendre sur la ‘véritable culture’, de promouvoir l’harmonie raciale et d’inverser les peurs au sujet des conflits ‘raciaux’. Bien que dans leurs propres pays ils se sentent incapables d’approcher des hommes et des femmes noirs, lorsqu’ils voyagent, ils réussissent à  ‘s’approcher’ des ‘Autres’ et de réduire véritablement les différences. Un photographe de Londres se plaignait du fait que à Londres, “Les personnes de couleur restent séparées,” et que les filles noires “ne sortiraient” pas avec lui. Cependant, à Cuba son pouvoir économique signifiait que les femmes noires l’approcheraient, un fait qui impliquait pour lui qu’à “Cuba, il n y a pas de racisme.”

Les inquiétudes quant au pouvoir racialisé s’atténuent de même que celles liées au genre (sexe). Les touristes sexuels sont également très remontés par le pouvoir qu’ils perçoivent que les femmes ont en Occident. Ils craignent la capacité des femmes occidentales à repousser leurs avances sexuelles et sont alarmés par leurs demandes d’égalité. Un commerçant de 37 ans à Cuba soutenait que les femmes britanniques demandaient trop à leurs hommes.

Traduit de l'Espagnol par Guy Everard Mbarga

http://sexualidad.wordpress.com/2006/07/26/turismo-sexual-en-el-caribe

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A
intéréssant ce blog!!
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