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Afrodescendants d'Amérique Latine et des Caraibes
11 mars 2007

Les Afropéruviens, Histoire et situation actuelle (Partie I)

Centro de Desarrollo Étnico (Centre du Développement Ethnique)

CEDET 

Introduction

                                                                           Un homme trouva un œuf d’aigle et le plaça dans le nid d’une poule de ferme. L’aiglon fut couvé et grandit avec les poules. 

         Tout au long de sa vie, l’aigle fit la même chose que les poules, pensant qu’il était une poule. Il fouillait la terre à la recherche de vers et d’insectes en piaillant et en caquetant. Des fois, il battait des ailes et volait quelques mètres dans l’air comme le font les poules.

                                                                                                    Les années passèrent, et l’aigle avait vieilli. Un jour, il aperçut au très dans le ciel bleu un magnifique oiseau qui flottait élégamment, glissant majestueusement entre les forts courants d’air en bougeant à peine ses ailes puissantes.

día vio muy por

                                                                                                    Le vieil aigle regardait en haut avec admiration. 

                                                                                                    -Qu’est ce que c’est?-demanda-t-elle à une poule. 

                                                                                                    -C’est l’aigle, le roi des oiseaux –lui répondit-elle-,mais oublie ça, il appartient au ciel, nous nous appartenons à la terre; nous sommes différents. 

                                                                                                   L’aigle vécut et mourut ainsi comme une poule, car elle pensait qu’elle était une poule.

Así, el águila vivió y

            Pour beaucoup d’afropéruviens, il est difficile de trouver et d’accepter son Identité, car le racisme dans notre pays et dans le monde a dressé de fausses images de l’homme noir et de la femme noire; ils nous présentent comme étant dépourvus de capacités intellectuelles et d’initiatives propres, et le noir est devenu synonyme de choses, situations et d’actions négatives (jour noir, chance noire, destin noir, main noire etc).

La méconnaissance et la négation de nos contributions et de nos efforts dans la formation de ce qu’est le Pérou aujourd’hui sont une autre expression du racisme, un phénomène que nous appelons  invisibilité. Par exemple, une inscription que l’on peut trouver dans une université d’état et sur diverses lignes de transport public disait ceci:

"On ne nous imposera jamais l’idée stupide selon laquelle des noirs sont péruviens. Le Pérou n’a jamais été et ne sera jamais un pays de noirs, il est maintenant temps de vivre entre nous "

            Face à cette réalité, beaucoup de nos frères et sœurs préfèrent être appelés zambos, mulatos, morenos, morochos, mestizos, c’est-à-dire par rapport à la tonalité de leur peau. Cette variété de noms nous affaiblit car cela ne nous permet de nous identifier comme partie d’un peuple ou d’un groupe ethnique. 

            Le fait de se reconnaître en tant que Noirs, Noires et Afropéruviens fait partie d’un processus récent et non exempt de problèmes. Tout d’abord, la dénomination negro et toutes ses variations chromatiques correspond aux noms imposés par les esclavagistes et le pouvoir colonial afin de fragmenter et diviser une population qui depuis toujours était synonyme de problème et de peur face à la possibilité d’une rébellion massive.

Revendiquer de manière positive cette nomenclature dans une société qui reproduit constamment les stéréotypes hérités de la colonie est une tache ardue, mais nécessaire. Cependant, nous ne revendiquons pas uniquement cette dénomination, mais nous revendiquons également le lien ancestral, et c’est la raison pour laquelle nous sommes maintenant des afropéruviens.

Avoir une identité c’est savoir qui nous sommes et même si l’on pense qu’il y a des choses plus importantes auxquelles penser, l’identité est fondamentale pour vivre avec dignité. C’est une richesse spirituelle qui se cultive et grandit avec le temps et nous permet de nous valoriser en tant que personnes appartenant et héritières d’une tradition culturelle, sans elle nous sommes comme l’aigle qui a de quoi manger mais vit dans l’ignorance parce qu’il ne connaît pas ses capacités. Sur ce point, la participation de l’État et des différents organismes afro est fondamentale pour travailler ensemble à la diffusion et à la recherche de solutions à notre problématique. Le présent document qui fait référence à l’histoire a pour but d’identifier les structures qui ont conditionnés la réalité afrodescendante dans notre pays.

LES ESCLAVES ET LEUR PROVENANCE 

            Les premiers noirs sur notre territoire sont arrivés au Tahuantinsuyo et furent emmenés par le prince inca Túpac Yupanqui de retour de son expédition en Océanie vers 1460 approximativement. 

Il n’y a pas de références de plus grande importance sur ce premier groupe qui arriva sur le territoire qui deviendra plus tard le Pérou, raison pour laquelle ce sera avec l’invasion espagnole que débute de manière constante l’arrivée de noirs sur ces territoires. Le premier esclave arrivé dans notre pays a débarqué entre novembre et début décembre 1527 sur les côtes de l’actuel département de Tumbes dans le nord, aux côtés de l’espagnol Alonso de Molina, un des Treize du Gallo. 

Pour les chroniqueurs de l’époque, les esclaves n’ont pas de nom et sont tous égaux: africains de Guinée, leurs exploits et leur gloire ne leur revenaient pas, mais plutôt à leurs maîtres, tout comme les récompenses.

Durant l’épisode décisif de l’invasion du Tahuantinsuyo qui a eu lieu dans l’Île du Gallo (aujourd’hui territoire Colombien), parmi ceux qui traversèrent volontairement la ligne tracée par Pizarro sur le sable pour savoir qui continuait la campagne, il y avait un noir, mais l’histoire officielle ne reconnaît que les treize espagnols, les Treize du Gallo ou les “Trece de la fama”(Les Treize de la renommée, la gloire). L’esclave noir qui a sauvé Diego de Almagro n’est pas non plus mentionné, ni celui qui mourut lors de la capture de Atahualpa à Cajamarca, ni encore le noir qui se chargea de transférer tout l’Or du rescate del Inca. (Rachat, sauvetage de l’Inca) 

Le premier document officiel de la Couronne Espagnole qui donne le droit d’importer des esclaves est la Capitulación de Toledo du juin 1529, autorisation accordée à Francisco Pizarro d’emmener 50 noirs de Guinée, la moitié d’entre eux des femmes. Ce premier embarquement ne se réalisa pas finalement, mais plus tard, l’introduction des noirs sera régulière. Grâce à la documentation des conquistadores, on sait maintenant que les esclaves qui les accompagnaient étaient mandingues et biafrais vendus à San Jorge de la Mina et l’Île du Cap Vert, les deux grands ports portugais. 

Au milieu de l’année 1550, les noirs apportés au Pérou étaient environ 3000, ils étaient employés dans la manufacture et la réparation des armes, auxiliaire de combat et en tant que membres de la soldatesque. Le premier chef militaire noir mentionné par les chroniqueurs s’appelait Guadalupe, qui commanda le premier corps de soldats noirs en 1554, durant la rébellion de Francisco Hernández Girón. 

Entre l’arrivée des espagnols et la fin des Guerres Civiles entre les conquistadores, la courbe démographique de la population aborigène allait connaître une baisse considérable. Cieza de León, le principal chroniqueur el principal de cette époque décrit le panorama de peuples dévastés par les maladies et la guerre. Il y avait une abondance de terres, mais peu d’hommes. La traite négrière débuta alors à grande échelle pour combler le manque de force de travail.

Les esclaves provenant des différents comptoirs lucitaniens (lusitaniens?) étaient baptisés au Panama et étaient introduits au Pérou via le port du Callao. Ils marchaient à pieds jusqu’à Lima attachés et attelés à la "chaîne", traversaient le fleuve Rimac par le Pont de Palo et étaient logés dans les petits corrals de la ville de Malambo, dont la dénomination existe jusqu’à présent comme d’autres telles que la rue terranovos entre autres. 

En ligne générale, le Traite négrière au Pérou a connu trois périodes: 

1.- Au début du 16ème siècle, lorsque l’usage des licences pour le trafic négrier était le privilège de la Couronne espagnole. 

2.- La traite à long terme, par le biais d’un contrat entre la Couronne  et une compagnie particulière. 

3.- Au cours du dernier tiers du 18ème siècle XVIII, lorsque le commerce devient libre dans le contexte des réformes borboniques, qui permit à partir de 1778 l’entrée des esclaves via la Nouvelle Grenade, le Vénézuela, Cuba et Porto Rico, en dehors des ports traditionnels de traite comme Porto Bello, Carthagène et Buenos Aires. 

Selon Frederick Bowser entre 1560 et 1650, les origines ethniques des afropéruviens étaient : 

- Zone de Sénégambie et Guinée Bissau : 

Bran, Biafra, Berbesi, Jolofo, Mandinga, Nalu, Bañol, Casanga, Fula, Bioho, Guinea, Folupo, Soso, Balanta. 

- Autres zones d’Afrique Occidentale : 

Terranova, Zape, Cocoli, Blebo, Arara/Arda, Caravali, Mina, Lucumi.

- Afrique Central et méridionale 

Congo, Mozambique, Anchico, Benguela, Angola, Alonga, Malamba / Malemba, Mosanga.

Pendant cette période de temps, la provenance des esclaves de Guinée, entre  55% et 56%, était prédominante à l’exception des années 1595, 1600, 1635 et 1640 durant lesquelles il y a plus d’esclaves venus d’Angola. 

L’origine géographique de certains de ces groupes ethniques était : 

Mandingues ou Malinkés: du Volta 

Terranovos: Dahomey 

Chalas: Togo 

Lucumés, Lucumís, Lucumíes ou Lucumises, aussi appelés Nagos ou Yorubas: Rive droite du Niger

Carabelíes: Rive gauche du fleuve  Niger 

Cabindas: Fleuve  Ogoué au Gabon 

Congos: Obangui 

Angolas: Entre les fleuves Matadi et Cuneen 

Les dénominations comme Terranovos, Minas et Véngueles (Benguelas?) provenaient des ports d’embarquement ou d’arrivée; de nombreux Ashantis, Ewes ou Yorubas étaient appelés Minas pour le fort El Mina au Ghana. En 1791 le Mercurio Peruano signalait que " les principales lignées de noirs qui nous servent sont au nombre de dix: celle des Terranovos, Lucumés, Mandingues, Cambundas, Carabalíes, Cangaes, Chalas, Huarochiríes, Congos et Mucangas". À la fin de la vice-royauté, des mozambicains et des des noirs du tanganyika arrivèrent à Lima par le port de Buenos Aires.

Traduit de l'Espagnol par Guy Everard Mbarga

http://portal.huascaran.edu.pe/comunidad/xtras/word/afroperuanos_historia-situacionactual.doc 

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